Sommaire
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Avant “À bout de souffle”
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Je vous salue, Karina
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Bande à part
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Marina s’est défilée
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Passion Wiazemsky
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Nouvelle vie
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For ever Anne-Marie
Avant “À bout de souffle”
Au début de sa carrière, quelques mois avant “À bout de souffle”, Jean-Luc Godard tourne deux court-métrages. Il les fait avec sa première compagne, l’actrice Anne Collette (1937) qui apparaît à l’écran : “Charlotte et son Jules” en 1958 et “Charlotte et Véronique, ou Tous les garcons s’appellent Patrick” en 1959 – sur un scénario d’Eric Rohmer.
Jean-Luc Godard est derrière la caméra et Anne Collette est devant avec Jean-Paul Belmondo (Jules) et Jean-Claude Brialy (Patrick). A la fin des années soixante, elle quitte le monde du cinéma après avoir tourné “Drôle de jeu” de Pierre Kast. Anne Collette traverse la vie de Jean-Luc en coup de vent.
Anna Karina et Jean-Luc Godard en 1962 / Photo by Marka/Alamy Stock Photo/ABACAPRESS.COM
Je vous salue, Karina
En 1959, journaliste aux Cahiers du Cinéma, il propose à une jeune Danoise, repérée dans une publicité, un rôle dans son prochain film “À bout de souffle”. Anna Karina (1940-2019) refuse car elle ne veut pas apparaître nue à l’écran. C’est Jean Seberg qui la remplace. Mais elle accepte de jouer le rôle principal du “Petit soldat”.
Ils se marient en mars 1961 et tournera avec Godard sept films (plus un sketch dans un film) dans les années 60, qui deviendront des classiques de la Nouvelle Vague : “Le Petit Soldat”, “Une femme est une femme”, “Vivre sa vie”, “Bande à part”, “Alphaville”, “Pierrot le fou” et “Made in USA”. Ils divorcent en 1964…
Bande à part
En 1987, ils se retrouvent sur un plateau de télévision française mais, vingt ans après, les retrouvailles sont difficiles. Le cinéaste qualifie la relation “d’erreur séduisante », avant d’ajouter « j’étais trop jeune, tout ce que je pouvais offrir, c’était des films”. Anna Karina s’éclipse un instant, en larmes, avant de revenir. Moment de gêne sur le plateau de Thierry Ardisson.
Marina s’est défilée
En 1961, il rencontre Marina Vlady (1938), actrice déjà célèbre d’origine russe. Il lui propose de tourner dans “Une femme est une femme” (1967) qui finalement se fera avec Anna Karina. Marina lui souffle l’idée de “Deux ou trois choses que je sais d’elle”, qu’ils vont tourner ensemble. C’est sa première incursion dans le cinéma d’auteur.
Jean-Luc Godard la demande en mariage mais elle refuse. Marina ne deviendra pas Madame Godard. « Sa réaction me surprend. A partir de ce refus, plus jamais il ne m’adressa la parole », raconte-t-elle dans ses mémoires.
Passion Wiazemsky
En août 1965, il rencontre une jeune fille de 19 ans (Anne Karina avait le meme âge quand il l’avait rencontrée pour la première fois), Anne Wiazemsky (1947-2017), la petite fille de François Mauriac. La rencontre se passe sur le tournage d’«Au hasard Balthazar» de Robert Bresson. Jean-Luc Godard est déjà une personnalité.
En 1966, elle tombe amoureuse et, étudiante à Nanterre, l’introduit dans le milieu étudiant contestataire. Il tourne «La Chinoise» (1967), dans lequel Anne est une pseudo-révolutionnaire maoïste dans un groupe de jeunes bourgeois qui veut faire la révolution.
Après le tournage de «Week-end», il demande la main d’Anne à son grand-père et, pour la deuxième fois, épouse son héroïne à l’écran en juillet 1967. Mais le couple se sépare en octobre 1970.
Nouvelle vie
“Il y a eu les femmes dans mes films et la femme dans ma vie”, expliquait Jean-Luc Godard. Il parlait de sa dernière épouse, la suisse Anne-Marie Miéville (1945). En juin 1971, le réalisateur passe plusieurs mois à l’hôpital après un grave accident de moto. Il se lie à Anne-Marie qui partagera sa vie jusqu’à son décès. Commence une collaboration artistique de cinquante ans…
For ever Anne-Marie
Photographe de plateau sur “Tout va bien” (1972), ils tournent ensemble des documentaires-fictions. Scénariste de “Sauve qui peut (la vie)” (1980) et de “Prénom Carmen” (1983), monteuse, co-réalisatrice, elle sera constamment à ses côtés. Anne-Marie Miéville joue un rôle essentiel dans le retour en grâce de Godard dans les années 80 avec des films moins confidentiels. Ils formèrent l’un des “plus féconds et beaux couples du cinéma” selon le critique Olivier Séguret.
“Les femmes, les actrices, je ne les ai pas bien traitées. J’ai respecté leur beauté aléatoire, mais je n’ai pas fait très attention à ce qu’elles pouvaient dire ou faire… Tous les peintres ont eu des modèles mais, moi, c’étaient des copies” (Jean-Luc Godard, 1995). « Il faut toujours que (Jean-Luc Godard) ait le dernier mot » (Anne Wiazemsky, 2012).
Jean-Luc Godard (1930-2022) / Photo by SPUS/ABACAPRESS.COM