Sommaire
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Voir plus loin avec l’association Rêv’Elles
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Inspiration inter-générationnelle
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De l’empowerment à la sensibilisation auprès des entreprises
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Lorsqu’il s’agit d’orientation, 62% des filles ont peur de ne pas arriver à atteindre leur objectif, contre 49% des garçons. Un constat réalisé par l’Afev, association de lutte contre les inégalités éducatives, cité dans le rapport d’activité 2021 de Rêv’Elles. C’est pour lutter contre cette inégalité que l’association Rêv’Elles est née. Depuis 2013, près de 3.000 jeunes filles des quartiers populaires ont été sensibilisées et accompagnées dans divers parcours, afin de favoriser leur émancipation économique et sociale.
Il y a dix ans lors d’interventions dans des lycées, sa fondatrice et directrice générale, Athina Marmorat, se rend compte que les filles parlent peu, voire pas. Pire, elles se projettent difficilement dans des horizons professionnels. Excepté les métiers du “care”, raconte Blandine Clérin, directrice de la communication et du rayonnement chez Rêv’Elles.
“Ces jeunes femmes de 14 à 25 ans, à 95% scolarisées, font l’objet d’un triple déterminisme : social, de genre et de territoire”, ajoute celle qui a rejoint l’association au printemps 2021. Progressivement, les participantes, majoritairement issues de quartiers populaires et pour moitié de quartiers prioritaires de la ville (QPV), sont invitées à passer le plus possible à l’action. L’enjeu ? Construire des soft skills pour l’avenir, travailler les barrières limitantes, ouvrir le champ des possibles…
Voir plus loin avec l’association Rêv’Elles
Par exemple, pour le premier parcours proposé par l’association, RVL Ton Potentiel, les filles se déplacent à Paris. “C’est une sorte de voyage initiatique. Ça permet de travailler le rapport à soi, aux autres et au monde”, explique Blandine Clérin. Autre levier de sensibilisation : ces ateliers gratuits utilisent la non-mixité comme un moyen pédagogique pour passer un cap. Ainsi, en vacances scolaires et durant cinq jours, une centaine de jeunes filles évoluent ensemble en Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes.
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Ateliers, visites d’entreprises, présentations de Rôle Modèles, exercice de pitch devant des professionnelles… Il s’agit d’une immersion diverse et complète. “Des filles qui n’osaient même pas parler le lundi se retrouvent à monter sur scène devant des pros et prendre un micro le vendredi”, s’exalte Blandine. Des petits pas qui permettent de se projeter plus loin, de croire en soi et de se délester de la pression. D’après l’étude d’impact 2021, par le cabinet EEXISTE, suite à l’accompagnement de Rêv’Elles, 97% des jeunes filles affirment mieux connaître leurs qualités et 92% se sentent mieux dans leur peau.
Ce parcours d’entrée signe souvent le début d’un accompagnement sur un plus long terme, d’abord pendant cinq mois, puis, comme une fille sur deux, en devenant « Alumna ». Aujourd’hui, la communauté engagée est estimée à environ 200 personnes. Toutes d’anciennes bénéficiaires qui, en devenant à leur tour actrices de cette cause, participent à l’empowerment recherché par l’association.
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Inspiration inter-générationnelle
Dans cette atmosphère de sororité, décrite par des bénéficiaires comme une deuxième famille ou une safe place, la rencontre entre des femmes de différentes générations est le “terreau de l’association”. Et ce à travers de multiples parcours : RVL Access, ateliers de sensibilisation dans des établissements scolaires de France; RVL Découverte pour de l’orientation professionnelle notamment via des journées d’immersion; RVL Connect, un mentorat de six mois pour augmenter l’employabilité, ou encore RVL Communauté.
20 salarié.e.s œuvrent ainsi quotidiennement au sein des deux antennes de l’association et 40 coachs animent les ateliers proposés dans certains de ces parcours. Il s’agit de prestataires formées par Rêv’Elles sur les problématiques des bénéficiaires, majoritairement issues du coaching, du développement personnel ou de l’enseignement et qui ont trente ou quarante ans. À ces “brigades de coachs”, s’ajoutent également environ 400 femmes issues d’entreprises partenaires, impliquées activement dans les actions.
“On a un impact indirect auprès de ces rôles-modèles, boostées et questionnées à un niveau individuel par les jeunes femmes grâce à un effet miroir”, analyse Blandine Clérin. Le tout permettant une évolution sur les questions de diversité et d’inclusion dans les familles, mais aussi en entreprise.
De l’empowerment à la sensibilisation auprès des entreprises
D’autant qu’au fil des années, l’association a su renforcer son rayonnement. Elle collabore aujourd’hui avec une centaine de partenaires professionnels, dont 40 financièrement, puisque le modèle économique de Rêv’Elles est financé à 80% par le secteur privé. Parmi ces entreprises : Chanel, Fondation SFR, Vinci ou Société générale.
“Des sphères plus larges de la société deviennent concernées, ajoute Blandine Clérin. C’est important car si les filles se heurtent à un mur alors qu’elles se sentent plus fortes, le boulot est fait à moitié. En travaillant le regard et les pratiques, c’est plus efficace, c’est une double tenaille.” Pas étonnant qu’à l’aune de leurs dix ans, de nouvelles actions se mettent en place : le podcast Rêv’Cast lancé par les jeunes filles et la construction d’une première maison Rêv’Elles pour accueillir et développer des activités, dont l’ouverture est prévue au deuxième semestre 2023.
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Dernière actualité née de cet environnement stimulant où tout semble possible : une rencontre entre 30 Alumnae Rêv’Elles et Élisabeth Borne, Première ministre, dans le cadre du conseil national de la refondation (CNR) dédié à la jeunesse. Un déjeuner qui a eu lieu en mars à Matignon et qui a pu avoir lieu grâce au nouveau parcours : Rêv’Elles Politique.
“On peut maintenant ambitionner de porter la voix de ces jeunes femmes avec un plaidoyer un peu plus fort”, se réjouit Blandine Clérin, qui fait part de la volonté de l’association de faire monter les préoccupations et envies de changement de ces jeunes filles, et d’en “être le porte-voix et la caisse de résonance pour les faire émerger”.