Au Japon, Kazuko Fukuda se bat contre le tabou de la contraception

À 27 ans, Kazuko Fukuda, fondatrice du projet “Nandenaino”, milite pour un meilleur accès à la contraception au Japon, pays où seulement 2,6 % des femmes prennent la pilule. Entretien.

Sommaire

    • La contraception au Japon
    • Tabous et méfiance autour des méthodes anticonceptionnelles féminines
    • Jusqu’à 150 euros pour la pilule du lendemain
    • La pandémie de Covid-19 révèle les inégalités

La contraception au Japon

Stérilet ou encore implant, à l’époque “je ne savais même pas ce que c’était”, confie Kazuko Fukuda. C’est en 2016, lorsqu’elle part étudier en Suède, que la jeune Japonaise, aujourd’hui âgée de 27 ans, découvre une diversité de moyens de contraception dont elle n’avait jusqu’alors jamais entendu parler dans son pays natal. Elle réalise le poids du tabou : “Au Japon, demander une prescription pour la pilule à un docteur correspond à l’aveu public d’une sexualité active et dans la société japonaise, c’est mal vu pour les femmes.”

Tabous et méfiance autour des méthodes anticonceptionnelles féminines

Depuis la Restauration de Meiji, les femmes sexuellement libérées sont perçues comme “anormales” : la honte s’est installée. Peu importe l’âge, que la femme soit mariée ou célibataire, la même peur d’être jugée persiste : « J’ai reçu tellement de messages de femmes, désespérées parce qu’elles ne voulaient pas être enceintes et n’osaient pas se faire prescrire la pilule », explique Kazuko Fukuda. Ce tabou, ajouté au fait que les Japonais sont plutôt méfiants à l’égard des médicaments, les Japonaises ne sont plus que 2, 6% à prendre la pilule contraceptive. Le préservatif (58,4%) et le retrait (19,7%) restent les méthodes privilégiées.

Jusqu’à 150 euros pour la pilule du lendemain

En 2018, désireuse de s’engager pour cette cause, Kazuko Fukuda fonde le projet “Nandenaino” (Pourquoi nous n’en avons pas?) dans le but de sensibiliser aux différents modes de contraception, mais aussi de décomplexer les femmes dans leur sexualité et de militer pour améliorer l’accès. La pilule demeure chère au Japon (entre 15 et 20 euros par mois), la pilule du lendemain est délivrée entre 80 et 150 euros. La pilule abortive n’est quant à elle, pas disponible : l’avortement se fait principalement par curetage (entre 800 et 1500 euros la procédure), une méthode déconseillée par l’OMS.

“Au Japon, demander une prescription pour la pilule à un docteur correspond à l’aveu public d’une sexualité active et dans la société japonaise, c’est mal vu pour les femmes.”  Kazuko Fukuda, fondatrice du projet “Nandenaino”

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La pandémie de Covid-19 révèle les inégalités

Depuis le Covid-19 et l’augmentation des grossesses non-désirées observée, les autorités ont décidé de prendre ces questions davantage au sérieux. « La pandémie a rendu les difficultés des femmes plus visibles”, souligne Kazuko Fukuda. Reçue au Ministère de la santé en octobre dernier, aux côtés des activistes, Asuka Someya (présidente de l’ONG Pilcon) et la gynécologue Enmi Sakiko, Kazuko Fukuda a pu mettre en lumière ses observations. En janvier, la société pharmaceutique britannique Linepharma a pu déposer une demande de mise en vente de la pilule abortive sur le marché japonais. Et les autorités ont entamé des recherches plus approfondies en matière d’accessibilité.

Kazuko Fukuda a récemment rejoint les équipes de Pilcon qui milite pour une meilleure éducation sexuelle et l’accès à la contraception au Japon  :  “Je veux participer à la création de cliniques spécialisées pour les jeunes, explique-t-elle. Pour qu’ils puissent venir poser leurs questions en toute sécurité.”

Plus d’informations sur www.nandenaino.com et https://pilcon.thebase.in/

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