Sommaire
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Betty Friedan à la croisée des chemins entre études et vie de famille
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La femme au foyer heureuse, mythe ou réalité ?
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Le désespoir des femmes au foyer sous la loupe de Betty Friedan
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Le passage à l’action de Betty Friedan
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Ses dernières luttes
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Nous poursuivons notre série été sur ces héroïnes à la pointe des avancées des droits des femmes et pourtant oubliées de l’Histoire.
Betty Friedan, journaliste et auteure du livre The Feminine Mystique (1963) – La Femme mystifiée en français avec une traduction d’Yvette Roudy en 1964 – est l’une d’entre elles. Figure importante du second mouvement féministe américain, elle s’oppose au modèle de la femme au foyer, de l’épouse modèle, revenu en force au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Le premier mouvement féministe aux Etats-Unis est celui du droit de vote accordé aux femmes. Il s’achève en 1920. La troisième vague est celle des femmes doublement marginalisées ou stigmatisées – femmes de couleurs, lesbiennes, handicapées, entre autres -, féminisme qualifié d’« intersectionnel ».
Couverture de The Feminine Mystique 1963
Betty Friedan à la croisée des chemins entre études et vie de famille
Betty Naomi Goldstein Friedan est née en 1921 dans l’Etat de l’Illinois. Son père Harry, un immigré russe juif est un joaillier et sa mère Miriam est une journaliste travaillant dans une publication locale. Très vite Betty Friedan fait l’expérience de l’antisémitisme et des injustices sociales. En 1943 elle est diplômée d’un Master of arts (mastère) en psychologie.
Elle reçoit une bourse pour mener des études doctorales qu’elle abandonne car elle craint de finir « vieille fille ». Selon elle, les femmes titulaires d’un doctorat se marient rarement. Elle s’installe alors à New-York, se marie en 1947 et devient femme au foyer tout en publiant des articles de manière indépendante.
La femme au foyer heureuse, mythe ou réalité ?
Lors d’une réunion d’anciens élèves du Smith College où elle avait effectué ses études secondaires, Friedan est marquée par le malaise de ses anciennes camarades de classe devenues femmes au foyer. Elle décide alors de faire circuler un questionnaire sur la satisfaction qu’elles ont de leur vie. Le résultat est sans appel. 89% des femmes interrogées indiquent se sentir socialement dévalorisées.
Elle débute alors une série d’articles dans lesquels elle partage sa vision sur le mal-être de la ménagère. Beaucoup de femmes accueillent positivement ses écrits et partagent son avis. Au vu du succès de ces articles, Friedan se lance dans l’écriture de son premier livre The Feminine Mystique qu’elle publie en 1963. Cet essai marque le lancement du second mouvement féministe aux Etats-Unis, mouvement visant à réévaluer le rôle des femmes dans la société américaine.
« Lorsque les femmes arrêteront de vivre seulement à travers leur mari ou leurs enfants, les hommes n’auront plus peur de l’amour ni de la force des femmes. Ils n’auront plus besoin de la faiblesse de l’autre pour affirmer leur virilité. » Citation tirée du livre The Feminine Mystique de Betty Friedan, 1963
Le désespoir des femmes au foyer sous la loupe de Betty Friedan
The Feminine Mystique c’est la remise en cause des magazines féminins, des entreprises, des écoles et diverses institutions de la société américaine… Elles sont toutes coupables, selon Friedman, de faire pression sur les filles pour qu’elles se marient jeunes et s’approprient l’image de la femme parfaite fabriquée par la société.
Elle souligne tout au long du livre que la création du mythe de la « femme au foyer heureuse » rapporte en fait des sommes astronomiques aux annonceurs et aux sociétés qui vendent des magazines et des produits ménagers. Son message se veut un appel à l’action et non une lamentation. « Quand j’ai lu le Deuxième Sexe, ça m’a déprimée. Mes livres sont plus positifs que ceux de Simone de Beauvoir », dit-elle.
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Le passage à l’action de Betty Friedan
À la suite du succès de ce livre, Betty Friedan est incitée à fonder son propre mouvement féministe, qui se nommera la National Organization for Women (NOW, ce qui signifie aussi « Maintenant » ; en français : l’Organisation nationale pour les femmes). L’association jouera un rôle d’envergure sur la scène politique et culturelle américaine durant les années 1960 et 1970. En 1969 elle cofonde National Association for the Repeal of Abortion Laws connue aujourd’hui sous le nom de NARAL Pro-Choice America, une association en faveur de l’avortement.
Ses dernières luttes
Elle se trouvera de plus en plus en opposition avec la nouvelle génération des féministes radicales. En 1983, dans son ouvrage The Second Stage, elle écrit même : « hurler A bas la maternité et Les hommes sont tous des sexist pigs (des cochons sexistes), ce n’est pas radical, c’est idiot puisque la majorité des hommes et des femmes vivent ensemble ».
Elle combat le politiquement correct, se bat pour le droit à la vieillesse dans un pays où sévit le culte de la jeunesse – en 1995 elle publie The Fountain of Age (La Révolte du troisième âge) -, la guerre des sexes – qui occulterait les vrais sujets notamment celui de l’égalité économique. Elle décède en février 2006 à l’âge de 85 ans.