Sommaire
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Un poste honorifique, synonyme d’une prise de conscience
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Le portrait d’une femme de conviction
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Un climat de tension au Canada
Un poste honorifique, synonyme d’une prise de conscience
Si la fonction de Gouverneur général du Canada est hautement honorifique, et qu’elle a déjà été investie par des femmes issues de la société civile, elle n’en reste pas moins un symbole très fort. Son dépositaire représente le chef de l’État canadien qui n’est autre que la Reine Elizabeth II. La nomination pour la première fois d’une inuite à ce poste témoigne de la prise de conscience du gouvernement canadien sur le retard en matière de reconnaissance des minorités. Mary Simon est le porte-voix féminin du combat de la préservation des cultures et de la défense de l’environnement, qu’elle mène de front depuis sa jeunesse. « Ma nomination est un moment historique et inspirant pour le Canada et un pas important sur le long chemin de la réconciliation » déclare Mary Simon le 6 juillet en présence du Premier Ministre canadien Justin Trudeau comme le rapporte la CBC.
« Ma nomination est un moment historique et inspirant pour le Canada et un pas important sur le long chemin de la réconciliation » Mary Simon
Le portrait d’une femme de conviction
Toute la carrière de Mary Simon est vouée à la protection des Inuits, de l’environnement et des animaux. Née en 1947, elle s’engage dans la défense de leur milieu de vie en dénonçant les forages pétroliers et la pollution de l’Arctique en tant que Présidente du Conseil Circumpolaire Inuit (ICC). Elle devient leader en 2006 de l’Inuit Tapiriit Kanatam (première organisation inuite du Canada) et fait de la cause de sa minorité son cheval de bataille.
Elle mène des bras de fer internationaux à plusieurs reprises pour faire connaître les réalités locales des coutumes natives, notamment en fustigeant l’interdiction du commerce des produits dérivés du phoque en Europe suite à une décision de Bruxelles 2010.
Un climat de tension au Canada
Cette annonce s’inscrit dans un contexte de fortes tensions avec les populations amérindiennes au Canada. Le récent “scandale des pensionnats” a en effet provoqué un tollé notamment auprès des trois grands groupes minoritaires : , métis, Inuits et Premières Nations (ensemble hétéroclite d’autochtones canadiens qui ne se disent ni métis, ni Inuits). Il s’agit de la découverte de restes d’enfants dans des fosses communes à la suite de fouilles archéologiques. Cela vient confirmer la suspicion des mauvais traitements subis par les populations autochtones depuis la première moitié du XIXe siècle jusque dans les années 1990. L’Etat fédéral aurait une lourde responsabilité puisqu’il serait l’instigateur de cette politique assimilatrice qu’il a financée et mise en œuvre avec l’Eglise catholique. Cette dernière aurait accueilli plus de 150 000 enfants arrachés à leur famille à des fins d’acculturation aux mœurs catholiques. Les recherches sur les dommages causés aux populations natives n’en sont qu’à leurs balbutiements. Un lourd travail de mémoire reste à accomplir et la présence d’une femme inuite sur le devant de la scène politique est le premier signe d’une avancée historique. Tout comme celle de la nomination d‘Elisabeth Nyamayaro à la tête de l’ONU femmes.