Christel Heydemann à la tête d’Orange : une troisième femme DG du CAC 40

Le conseil d’administration d’Orange officialise ce 28 janvier la nomination de Christel Heydemann en tant que Directrice Générale du groupe. L’ex polytechnicienne de 47 ans, ancienne patronne de Schneider Electric Europe est la troisième femme à diriger un groupe français du Cac 40 après Catherine MacGregor d’Engie et Estelle Brachlianoff qui prendra ses fonctions chez Veolia le 1er juillet prochain.

Sommaire

  • Christel Heydemann, parcours d’une patronne des télécoms
  • Alcatel, premier grand défi de sa carrière
  • Schneider Electric puis Orange
  • Processus long, acteurs importants
  • À la tête d’une entreprise du CAC 40
  • Volonté politique
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Christel Heydemann DG d’Orange ©ABACApress

 

Le groupe de télécoms Orange se cherchait un nouveau Directeur général depuis la condamnation « pour complicité de détournement de fonds publics » en novembre dernier de Stéphane Richard, l’actuel PDG, dans l’affaire Tapie-Crédit Lyonnais. C’est désormais chose faite ! Christel Heydemann a été nommée le 28 janvier. Membre du conseil d’administration du groupe depuis 2017, elle devient la troisième femme dirigeante à la tête d’une entreprise du CAC 40, après la nomination d’Estelle Brachlianoff chez Véolia.

La vice-Présidente de Schneider Electric Europe a dû patienter avant l’officialisation de son nouveau poste. La faute à un long processus administratif auquel l’État, actionnaire à 23% de l’entreprise, a naturellement pris part. En effet, c’est le ministre de l’économie Bruno Le Maire qui a fixé le calendrier de la décision. Et il a favorisé la nomination de Christelle Heydemann à la direction d’Orange en déclarant notamment qu’à compétences égales, il “préférerait une femme” à la tête du groupe.

Christel Heydemann, parcours d’une patronne des télécoms

C’est une grande première pour Christel Heydemann, la nouvelle Directrice générale d’Orange. L’ancienne polytechnicienne de 47 ans, 22 ans de carrière dans la téléphonie, accède pour la première fois de sa carrière à un tel poste. Celle qui devrait prendre ses fonctions le 1er avril arrive alors que les résultats de l’entreprise de télécoms sont au top.

Diplômée de Polytechnique et de l’École nationale des ponts et chaussées, Christel Heydemann est ingénieure de formation. Après son diplôme, à 23 ans, elle fait le choix d’entrer au Boston Consulting Group, cabinet international de conseil en stratégie. Mais elle y reste moins d’un an avant de rejoindre le monde des télécoms et Alcatel, l’un des champions industriels français de l’époque. C’est au sein de ce leader de la téléphonie des années 2000 que Christel Heydemann fait ses classes.

Alcatel, premier grand défi de sa carrière

Christel Heydemann débute chez Alcatel en 1999 et occupe différents postes à responsabilités alors que l’entreprise fusionne fin 2006 avec Lucent, un groupe américain. Elle est chargée, entre autres, des comptes stratégiques d’Orange et de SFR. En janvier 2008, elle devient membre du Comité de direction du groupe.

Christel Heydemann gravit les échelons et est nommée vice-Présidente France à 34 ans. Après un passage aux Etats-Unis, elle devient en 2011 vice-présidente chargée des Ressources humaines et de la Transformation. Elle quitte Alcatel deux ans plus tard et rejoint en 2014 Schneider Electric. Un nouveau tremplin dans sa carrière.

Schneider Electric puis Orange

Le groupe, spécialiste et leader mondial des solutions numériques d’énergie, la nomme d’abord vice-Présidente Senior des alliances stratégiques globales. Christel Heydemann enchaîne rapidement les promotions pour accéder au poste de de vice-Présidente France en charge des Opérations en 2017 puis vice-Présidente Europe en mai 2021.

L’histoire avec Orange commence, quant à elle, en 2017 lorsque Christel Heydemann devient membre du conseil d’administration du groupe. En parallèle, Christel Heydemann est présidente du syndicat de la filière électro-numérique française Gimélec depuis 2018. Elle est donc nommée Directrice générale du groupe de téléphonie après un long processus de sélection où l’influence de l’État a été prépondérante.

Processus long, acteurs importants

La nomination de Christel Heydemann devait intervenir le 24 janvier. Finalement, il aura fallu attendre le 28 janvier pour connaître le nom de la nouvelle Directrice générale d’Orange. La faute à un comité de gouvernance du conseil d’administration qui a repoussé l’échéance de quatre jours. Selon Le Monde du 23 janvier dernier, des sources proches du conseil affirmaient que “le nom de Christel Heydemann fait consensus, mais quelques détails restent encore à régler, notamment sa date d’arrivée”.

L’État, actionnaire de l’entreprise, a clairement affiché ses préférences en janvier. Dans une déclaration de Bercy à l’AFP, il est mentionné qu' »à compétences égales, le ministre souhaite que ce soit une femme qui reprenne la direction d’Orange (et) que plus de femmes accèdent à des postes de gouvernance des grandes entreprises ».

« Le ministre souhaite que plus de femmes accèdent à des postes de gouvernance des grandes entreprises ». Déclaration de Bercy à l’AFP le 12 janvier

À la tête d’une entreprise du CAC 40

La féminisation des groupes au sein du CAC40 est donc en marche. Après l’arrivée de Catherine MacGregor chez Engie (19e capitalisation boursière française) et d’Estelle Brachlianoff chez Veolia (27e), le choix de Christel Heydemann pour Orange (23e) est une avancée paritaire au sein du capitalisme français. Elles sont maintenant trois dirigeantes dans le CAC40. Ce sont trois ingénieures de formation, les deux premières issues de Polytechnique et la troisième de l’École centrale de Paris.

Elles partagent toutes un riche parcours à l’étranger. Entre le Congo, Londres, la Louisiane et la Malaisie pour Catherine MacGregor qui se déplaçait fréquemment lorsqu’elle travaillait pour la multinationale Schlumberger. Londres également pour Estelle Brachlianoff qui dirigea la filiale anglaise de Véolia en 2012. Et les États-Unis pour Christel Heydemann. Après leur retour en France, elles sont nommées à des postes de plus en plus importants jusqu’à la direction générale.

Volonté politique

La proportion croissante de femmes dans les conseils d’administration et de surveillance semble donc avoir des effets. Depuis la loi Copé-Zimmerman de 2011, un quota de 40% de femmes dans les conseils s’impose aux entreprises. En septembre 2021, selon la plateforme de données Ethics and Boards, 46% des sièges des conseils d’administration et de surveillance des entreprises françaises sont occupés par des femmes, le taux le plus élevé d’Europe. Nul doute que d’autre nominations devraient ainsi intervenir à la tête des grandes entreprises du CAC40 dans les prochains mois.

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