Sommaire
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Plus de diversité dans les entreprises américaines
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Pressions de la société et impact de l’affaire George Floyd
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Réactions des milieux conservateurs
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Différents points de vue sur l’inclusion
Paula T. Hammond est une ingénieure chimiste de haut niveau. Depuis plusieurs années, elle mène des recherches sur le cancer et d’autres maladies au Massachusetts Institute of Technology. Elle y dirige le département de génie chimique. Avec de telles références, c’est une candidate naturelle pour siéger dans un conseil d’administration d’une société pharmaceutique ou de la biotech, explique le New York Times dans un article récent. « Pourtant, ce n’est qu’en 2020 que Mme Hammond, qui est noire (…), est devenue administratrice d’une société cotée. « C’était la première fois que j’étais approchée pour siéger dans un conseil d’administration », témoigne-t-elle.«
Les CA ont tendance à rechercher des administrateurs avec une expérience au plus haut niveau des entreprises américaines. C’est un groupe restreint « qui, jusqu’à ces dix ou vingt dernières années, était essentiellement composé de Blancs », analyse le New York Times. De plus, « les dirigeants préfèrent recruter dans leurs propres milieux professionnels et sociaux, ou sur la base des recommandations de leurs associés et amis », ce qui renforce encore plus la culture de l’entre-soi. Ainsi 60% des administrateurs sont des hommes blancs.
Plus de diversité dans les conseils d’administration
Désormais le monde feutré des conseils d’administration américains s’ouvre lentement à la diversité comme le témoigne Indra Nooyi, dans son livre My Life in Full : Work, Family, and Our Future, paru en septembre dernier. « Les entreprises semblent découvrir qu’il existe bel et bien un énorme réservoir de femmes et de personnes non blanches pour les sièges des conseils d’administration », renchérit le New York Times.
Selon une étude du cabinet ISS Corporate Solutions, qui conseille les entreprises sur la gouvernance d’entreprise, la rémunération des dirigeants et les questions sociales et environnementales, les femmes « représentent désormais 27% de l’ensemble des administrateurs en 2021, contre 24 % il y a un an ».
Les administrateurs issus de groupes minoritaires occupent 17% des sièges de conseil d’administration, contre 14% en 2020. « (Ils) occupent désormais 4 500 sièges au conseil d’administration des entreprises de l’indice boursier Russell 3000, soit 25% de plus qu’à la fin de 2020 et près de 50% de plus qu’à la fin de 2019 », indique le quotidien new yorkais.
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Pressions de la société et impact de l’affaire George Floyd
Ainsi le débat sur l’injustice et l’inégalité raciales provoqué par le meurtre de George Floyd en mai 2020 a obligé les entreprises à ouvrir leur conseil d’administration à des profils différents. Le législateur est également intervenu comme en Californie qui « a adopté des lois exigeant une plus grande diversité dans les conseils d’administration ». « L’une d’elles, adoptée en 2018, exige que les conseils d’administration des sociétés cotées ayant leur siège social principal dans l’État intègrent au moins deux femmes, et l’autre, adoptée en 2020, stipule que les CA doivent avoir un ou plusieurs administrateurs issus d’une « communauté sous-représentée », ce qui inclut les personnes de plusieurs groupes ethniques et celles qui s’identifient comme gays, lesbiennes, bisexuels ou transgenres », analyse le quotidien américain. D’autres États ont introduit des quotas en faveur des femmes. Mais cette ouverture des CA doit aussi s’accompagner d’une plus grande promotion à des postes de direction des profils issus des groupes sous-représentés.
Réactions des milieux conservateurs
L’introduction de quotas provoque cependant une réaction des milieux conservateurs et libéraux. Certains critiquent ainsi l’intervention publique. Elle « restreint illégalement le droit des actionnaires de choisir et de voter pour des directeurs sur la base du mérite et des compétences ». À la fin décembre, 17 États contrôlés par les Républicains ont saisi la Cour d’appel fédérale de la Nouvelle-Orléans. Ils contestent les règles de l’organe de régulation de la bourse américaine, la Securities and Exchange Commission, en faveur d’une plus grande diversité des conseils d’administration. « Le Nasdaq exige (par exemple) des entreprises cotées en bourse qu’elles divulguent la composition démographique de leur conseil d’administration; celles qui ne comptent aucune femme et de personne appartenant à une minorité sous-représentée ou de la communauté LGBTQ doivent fournir des explications », écrit le site Bloomberg.
Différents points de vue sur l’inclusion
Pour le procureur général du Texas, Ken Paxton, cité par Bloomberg, « il est inadmissible de voir une discrimination aussi flagrante et exiger de ces entreprises qu’elles embauchent des employés sur la seule base de la race, du sexe et de la sexualité ». Il dénonce des mesures considérées comme anti-hommes et anti-Blancs.Pour les partisans des quotas, au contraire, « des profils différents, féminins et non blancs, apportent une expérience et des connaissances différentes. Et cela « devrait, au fil du temps, conduire à des bénéfices plus importants, à plus de ventes et à une plus grand motivation parmi les employé.e.s », conclut le New York Times.