Sommaire
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La genèse de l’entreprise
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A l’épreuve (féminine) de l’entrepreneuriat
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Le rôle éducatif d’une marque
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Un marché en pleine expansion
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Les femmes font la différence
La genèse de l’entreprise
Tout est parti d’un reportage télévisuel sorti en 2017. « Tampon, notre ennemi intime » diffusé sur France 5, qui faisait état des compositions nocives des produits hygiéniques féminins. À travers cette enquête, Dorothée Barth, auteure et interprète de « Seul(e) en scène » à l’époque, découvre que les tampons industriels contiennent plus d’une vingtaine de produits chimiques. Sensibilisée par ces révélations, elle décide alors de s’allier à Coline Mazeyrat pour se lancer dans la vente de protections hygiéniques féminines saines et naturelles. Elles fondent ensemble JHO, acronyme de « Juste et Honnête », à Nantes l’année suivante, en avril 2018. Dorothée explique : « J’ai été journaliste, metteure en scène, interprète, etc… mais j’ai toujours eu le sentiment de ne pas pouvoir choisir. J’ai donc fait le choix de lancer cette startup avec Coline dans une nécessité de bien-être féminin, mais aussi d’émancipation ». Elle ajoute: « L’entrepreneuriat pour moi c’était une vraie volonté de choisir. Choisir avec qui travailler, choisir comment distribuer des produits, en bref, tout mettre en œuvre pour être seule décisionnaire ».
Leur startup JHO nourrit tout de suite une ambition: commercialiser des serviettes hygiéniques et des tampons biodégradables. L’idée puise son origine des États-Unis où plusieurs marques de protections hygiéniques féminines bios existent déjà. C’est en rencontrant un des acteurs du marché américain, que Dorothée Barth comprend qu’en France, « il y avait un marché, une attente et je pense que c’est pour cette raison que ça a explosé rapidement. ».
« Il y avait un marché et une attente, c’est pour cette raison que ça a explosé rapidement. » Dorothée Barth, cofondatrice de la marque de protections hygiéniques bios JHO
A l’épreuve (féminine) de l’entrepreneuriat
A leur lancement, « étant deux femmes qui parlent de protections hygiéniques, nous savions que nous bénéficiions d’une certaine légitimité de connaissance de nos produits ». raconte Dorothée Barth. Néanmoins, elle et Coline Mazeyrat rencontrent quelques difficultés et une certaine défiance de la part de ceux qui doivent les financer. Elle explique qu’elle a parfois ressenti un sentiment d’infantilisation. « Certains investisseurs ont fait preuve de condescendance à notre égard ,pour la simple et bonne raison que nous étions des femmes. Avec des remarques du type “vous semblez fatiguées, faites une pause” ou “prenez du temps pour vous” « . face à leur investissement. Comme si elles étaient incapables de gérer leur temps pour faire avancer leur boîte.
- Coline Mazeyrat et Dorothée Barth, cofondatrices de JHO
Le rôle éducatif d’une marque
Néanmoins le marché lui-même leur donne vite raison de s’investir à fond. En plus de la production, de leur diversification rapide (tampon, serviette, protège-slip, gel lavant intime et culotte menstruelle) et des ventes en croissance, JHO s’investit dans une mission d’éducation et de sensibilisation aux différentes périodes de la vie auxquelles sont confrontées les femmes à travers leurs cycles et à la nécessité de produits sains. « Les autres entreprises qui monopolisent le marché de l’hygiène féminin ne sont soumises à aucune obligation de transparence. C’est une honte ! » s’insurge Dorothée. « En ce qui nous concerne, nous sommes totalement transparentes avec notre clientèle. » Le ton est donné. « De plus, nos produits ont un certain rôle pédagogique. Il y a peu de temps, nous avons lancé une box “Premières règles”. Elle permet aux parents de sensibiliser leurs filles et fait figure de premier accompagnement convaincant. » Elle ajoute : « Les mères sont fières de participer à un commerce équitable. »
Un marché en pleine expansion
En pleine révolution, le marché des protections féminines s’ouvre de plus en plus aux entreprises éthiques et responsables. Les offres naturelles représentent une croissance de 37,4 % en valeur sur le deuxième semestre 2019, selon Nielsen Trade Panel, un panel distributeur qui mesure les achats et les comportements des acheteurs. Cette réussite du bio sur le marché du produit hygiénique féminin s’explique par un changement de consommation globale vers le bio qui touche aussi ce segment. Et une prise de conscience que la composition de ces produits peut être nocive. Les tampons contiennent jusqu’à 6 % de plastique et les serviettes hygiéniques peuvent être constituées à 90 % de plastique issu du pétrole selon la Fondation Heinrich Böll, un centre de réflexion qui œuvre pour une transition sociale-écologique. Toujours selon cette même étude, ils peuvent aussi renfermer des composés hormono-actifs, tels que le bisphénol A (BPA) et le bisphénol S (BPS).
« La révolution doit venir de nous. En nous entraidant, nous pouvons parvenir à aider les générations qui viennent ». » Dorothée Barth, cofondatrice de la marque de protections hygiéniques bios JHO
Les femmes font la différence
À notre question sur sa vision des femmes et de l’entrepreneuriat, Dorothée Barth répond: « Les femmes se définissent par leur boulot et leurs positions. Elles sont toujours concentrées sur ce qui est bon et juste. Elles sont honnêtes, emphatiques et leur continuelle remise en question leur est également grandement bénéfique. » Dorothée Barth est consciente du renouveau qu’apporte les femmes dans le monde de l’entrepreneuriat. Faisant aussi de sa différence une force dans son marché monopolisé par quelques marques pendant des années, la cofondatrice de JHO est convaincue que son projet bénéficie d’une marge de progression énorme. Enfin, elle conclut : « La révolution doit venir de nous. En nous entraidant, nous pouvons parvenir à aider les générations qui viennent ». Ambitieuse et éthique, la startup nantaise a quelques belles années devant elle.