Sommaire
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Un potentiel bridé par le patriarcat
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« Une femme ne va pas à l’école »
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Début de carrière à 52 ans
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Partenariat avec Magrath
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Des maisons de poupées comme scènes de crime
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Une femme dans un monde d’hommes
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La postérité de Frances Glessner Lee
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© Glessner House Museum – Informelles
La série « Les experts » vous dit quelque chose ? Hé bien, cette dernière n’existerait probablement pas sans Frances Glessner Lee. C’est elle qui révolutionne la criminologie à une époque où les méthodes d’investigation sur les morts violentes n’étaient qu’à leurs balbutiements. Découvrez le destin hors norme de Frances Glessner Lee, surnommée the godmother of forensic science (« marraine de la médecine légale »).
Un potentiel bridé par le patriarcat
Qui eut cru qu’une femme empêchée de faire des études, forcée à se marier à 19 ans et mère de trois enfants devienne à 65 ans une légende dans le monde des enquêtes criminelles ?
Née en 1878 dans une famille aisée de Chicago, Frances Glessner Lee est la fille de Sarah Frances Macbeth et de John Jacob Glessner, un industriel ayant fait fortune dans les machines agricoles et les engins de construction. Son destin est tracé : devenir une parfaite mère de famille.
« Une femme ne va pas à l’école »
Frances est éduquée à domicile avec son frère qui s’en va faire ses études à l’école de médecine d’Harvard. Comme lui, elle s’intéresse à la médecine mais sa famille la destine à devenir femme au foyer et ne l’autorise pas à poursuivre ses études. Elle doit épouser Blewett Lee, un juriste et avocat d’affaires avec qui elle aura trois enfants. « Une femme ne va pas a l’école », lui dit son père.
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Début de carrière à 52 ans
Dans sa jeunesse elle dévore les histoires de Sherlock Holmes. Mais c’est George Burgess Magrath, camarade de classe de son frère à Harvard qui l’initie aux enquêtes et à la médecine légale. Il lui raconte des histoires de crimes réels qu’il a aidé à résoudre.
A l’âge de 52 ans Frances Glessner Lee débute enfin sa carrière dans la police criminelle. Il lui aura fallu attendre son divorce en 1914, le décès de ses parents – elle hérite d’une fortune colossale – puis de celui de son frère en 1930 pour pouvoir s’adonner librement à sa passion.
Bedroom © Corinne May Botz
Partenariat avec Magrath
C’est Magrath qui l’aide à faire ses premiers pas dans le métier. Tous les deux sont convaincus qu’il est possible de résoudre les meurtres en analysant les preuves telles qu’elles se présentent sur les scènes de crime.
Glessner Lee décide de faire un don important à l’université d’Harvard pour y créer, en 1931, un département de médecine légale dirigé par Magrath. En 1934, elle crée une bibliothèque spécialisée sur la médecine légale qu’elle nomme la Magrath Library of Legal Medicine. Il devient plus tard médecin légiste en chef à Boston.
Des maisons de poupées comme scènes de crime
Dans un monde dominé par les hommes, elle doit trouver un moyen d’imposer ses méthodes. L’un des hobbies des jeunes femmes riches est la construction de maisons de poupées miniatures. Elle imagine de fabriquer de minuscules répliques de véritables scènes de crime afin d’aider les détectives à examiner les indices.
Elle utilise des poupées et fabrique des pièces de lieux de vie comme des chambres, des cuisines ou des salons. Les œuvres couvrent une immensité de détails : éclaboussures de sang, impacts de balles, etc.
Une femme dans un monde d’hommes
En 1943, Frances est nommée « cheffe honoraire de la police du New Hampshire » et devient la première femme aux Etats-Unis à recevoir ce titre. La même année, elle anime des ateliers pour les étudiants ne pouvant pas se rendre sur les scènes de crime.
Lors de ses ateliers, elle présente ses « Nutshell Studies of Unexplained Death » (études sur des morts inexpliquées). Ses maquettes miniatures permettent aux enquêteurs d’examiner et d’évaluer correctement les scènes de crime en les aidant à mieux comprendre les preuves telles qu’elles se présentent.
La postérité de Frances Glessner Lee
En 1945, elle fonde la Harvard Associates in Police Science, une association nationale pour la promotion de la médecine légale. Ce programme a eu pour effet la modification des examens post-mortem dans d’autres Etats américains.
Aujourd’hui les dioramas de Lee sont encore utilisées comme outils de formation pour les enquêteurs débutants et dans le cadre de séminaires réguliers au bureau du médecin légiste au centre de médecine légale à Baltimore.
Kitchen © Corinne May Botz