Régulation de la Big Tech : Frances Haugen salue le projet européen

Le Parlement Européen étudie actuellement des textes de lois pour légiférer contre la Big Tech. La lanceuse d'alerte Frances Haugen vient justement de terminer sa tournée européenne pour appeler à la régulation des géants du Net. Retour sur son intervention à l’Assemblée nationale.

Sommaire

  • La Big Tech privilégie les profits au détriment de la sécurité
  • Pas suffisamment de modérateurs francophones 
  • Comment encadrer les géants du numérique
  • La protection des lanceurs d’alerte

La Big Tech privilégie les profits au détriment de la sécurité

Auditionnée par les députés français de la Commission des affaires économiques et la Commission des lois mercredi 10 novembre, France Haugen, l’ex-employée de Facebook a de nouveau fait état des dérives de la plateforme. Leur propension à privilégier le profit nuit à la sécurité de leurs utilisateurs. En guise d’exemple elle explique, qu’au départ, Facebook privilégiait les contenus publiés par l’entourage (les cercles familiaux et amicaux) mais qu’en 2018 l’algorithme a changé en faveur d’un système privilégiant les contenus suscitant le plus d’interactions (clics, réactions, partages).

Ce sont alors principalement des contenus politiques, issus de groupes véhiculant parfois des propos haineux ou de fausses informations, qui bénéficièrent d’une meilleure visibilité dans les fils d’actualité. Cette stratégie permettait selon elle de « générer davantage de contenus  » ce qui revient à consommer « plus de publicités » avance-elle.

« L’entreprise sait comment rendre ces activités plus sûres, mais elle ne le fera pas parce qu’elle met toujours ses profits colossaux devant la sécurité de ses usagers. » Frances Haugen

Pas suffisamment de modérateurs francophones

Des millions de contenus sont partagés, likés, commentés chaque jour sur Facebook. Afin d’éviter la diffusion de fake news, de contenus discriminants ou incitant à la haine, la plateforme emploie quelques milliers de modérateurs dans le monde. Leur rôle est de surveiller les diverses discussions ayant lieu sur la plateforme, de supprimer les propos à caractère racistes, insultants ou encore discriminants. Par ailleurs une polémique est née il y a quelques mois, au sujet du contrat de modération signé par Accenture qui a externalisé en grande partie cette activité de Facebook. A ce sujet, Frances Haugen assure qu’ » il n’y a pas assez de modérateurs francophones […] Je pense que Facebook doit vraiment publier le nombre de modérateurs employés pour chaque langue »

Comment encadrer les géants du numérique

Frances Haugen considère que l’entreprise ne peut pas être juge et partie. Elle salue d’ailleurs la volonté européenne de réguler les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) avec le DMA (législation sur les marchés numériques) et le DSA (législation sur les services numériques). Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne souhaite répondre au manque de transparence de Facebook en légiférant : « Les feux de signalisation ont été inventés pour sécuriser le trafic automobile. Nous faisons la même chose. Alors que le trafic internet ne cesse de croître, il nous faut des règles pour remettre de l’ordre dans le chaos » explique-t-elle.

« Les feux de signalisation ont été inventés pour sécuriser le trafic automobile. Nous faisons la même chose. Alors que le trafic internet ne cesse de croître, il nous faut des règles pour remettre de l’ordre dans le chaos. » Margrethe Vestager

La protection des lanceurs d’alerte

Lorsque le député, Mounir Mahjoubi demande pourquoi, au vu de l’ampleur des révélations, « des milliers d’autres collaborateurs restent à Facebook », Frances Haugen répond que selon elle, beaucoup de lanceurs d’alerte ne savent pas quelles peuvent être les suites d’une alerte, ou craignent des représailles. « En interne, quand des gens tiraient la sonnette d’alarme », ils étaient virés.

Par ailleurs, Frances Haugen répond aux députés sur son statut de lanceuse d’alerte. Si elle assure ne pas avoir été rémunérée pour ses révélations, elle déplore le fait que « les lanceurs d’alerte n’aient pas toujours la possibilité de s’exprimer, parce qu’ils n’ont pas d’argent pour cela ». Elle se considère comme « privilégiée » car elle estime avoir plus d’argent que la plupart des lanceurs d’alerte, qui n’ont pas le confort quitter leur entreprise.

Il est nécessaire pour elle que les lanceurs d’alerte bénéficient d’une protection de la part de l’Etat ou d’autres institutions.

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