Histoire des JO: 2012, Wojdan Shaherkani et Sarah Attar, premières athlètes saoudiennes

En 2012, sur invitation spéciale du CIO et 40 ans après la première participation de l’Arabie Saoudite aux Jeux Olympiques, le royaume wahhabite décide d’inclure deux femmes dans sa délégation sur invitation spéciale du CIO. Retour sur l'histoire de ces deux athlètes qui ont fait bouger les lignes du sport féminin.

Sommaire

  • Des femmes saoudiennes dans le stade et sur le tatami
  • Aux JO, hijab ou pas hijab?
  • Une délégation féminine d’Arabie Saoudite succincte

Des femmes saoudiennes dans le stade et sur le tatami

En 2012, quarante ans après la première participation de l’Arabie Saoudite aux Jeux Olympiques et douze ans après la première médaille saoudienne, le royaume wahhabite décide d’inclure deux femmes dans sa délégation sur invitation spéciale du CIO : la judoka Wojdan Shaherkani -elle n’a pas le niveau requis pour la compétition n’ayant qu’une ceinture bleue- et la coureuse Sarah Attar -américaine d’origine saoudienne qui participera au marathon lors des JO de Rio et Tokyo. Le journaliste du Guardian, Eman Al Nafjan, souligne alors le paradoxe alors même que les autorités saoudiennes interdisent la pratique sportive aux femmes et qu’elles n’ont pas accès aux stades. Cette première participation n’est finalement due qu’aux pressions des ONG et des institutions internationales alors même qu’une partie de l’opinion y est hostile. “La question que l’on pose souvent à tout homme qui manifeste un soutien (à la participation) des athlètes saoudiennes aux JO est la suivante : « Serais-tu d’accord si c’était ta propre sœur ?« . Il s’agit d’une question piège, car si on répond par l’affirmative, on peut l’accuser de dayooth, terme religieux qui signifie qu’il n’a aucun sens de l’honneur envers les femmes de sa famille”, analyse Eman Al Nafjan.

Aux JO, hijab ou pas hijab?

Avant les JO de Londres, la tenue des deux athlètes saoudiennes fait débat. Seront-elles autorisées à porter le hijab conformément à la loi islamique ? Wojdan Shaherkani menace de ne pas participer à la compétition et, finalement, un compromis est trouvé avec le CIO et la Fédération internationale de judo. Wojdan Shaherkani est éliminée en une minute lors de son premier combat dont les images ne sont même pas retransmises par les télévisions saoudiennes. “Le match n’a duré qu’un peu plus d’une minute, mais il restera comme l’un des moments les plus mémorables des Jeux de Londres”, écrit alors le journaliste de l’Associated Press. La question du hijab, soulevée par cette participation saoudienne, revient sur le devant de la scène quatre ans après lors des Jeux Olympique de Rio. L’escrimeuse américaine Ibtihaj Muhammad, la première femme musulmane à rejoindre la Team USA, crée la polémique en participant aux épreuves de sabre vêtue du hijab -elle remporte la médaille de bronze par équipe. Dans le contexte de l’élection présidentielle américaine de 2016, elle prend position contre les déclarations anti-Musulmans de Donald Trump et s’engage en faveur des droits de ses co-religionnaires aux Etats-Unis et intervient également dans le débat sur le port du voile en France. En 2017, elle sert de modèle à la première poupée Barbie voilée ! 

« La politique est restée en dehors de la compétition et (que) le sport a gagné à la fin… Elle a été courageuse de venir au combat et de faire ce qu’elle aimait”. Raz Hershko, athlète Israëlienne

Une délégation féminine d’Arabie Saoudite succincte

Depuis 2013, la pratique sportive des femmes a été progressivement autorisée dans le royaume saoudien et un accès limité et séparé est autorisé dans certains stades. Mais sur une délégation de 33 athlètes aux derniers Jeux de Tokyo, seulement deux femmes en faisaient partie : la sprinteuse Yasmeen Al-Dabbagh, née en Angleterre et étudiant aux Etats-Unis, et la judoka Tahani Al-Qahtani, éliminée dès le premier tour par l’israélienne Raz Hershko, médaille de bronze dans l’épreuve mixte. Cette dernière saluera le courage d’Al-Qahtani, soulignant que « la politique est restée en dehors de la compétition et (que) le sport a gagné à la fin… Elle a été courageuse de venir au combat et de faire ce qu’elle aimait”.

Découvrez les portraits d’autres femmes qui ont contribué au rayonnement sportif féminin Les Jeux Olympiques dans les années 1980  et celui de la première première athlète musulmane médaillée d’or, Nawal El Moutawake.

 

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