ICSB 2021: “l’exposition universelle de l’entrepreneuriat” à Paris

Le 65e grand congrès mondial de l’ICSB (International Council for Small Business vient de se terminer à Paris. Retour sur la conférence “Les 25 millions manquantes (“the missing 25 million”) : réduire les disparités de genre dans le secteur de l’entrepreunariat dans un monde post-Covid".

Sommaire

  • Le 65e congrès mondial de l’ICSB
  • Des femmes de conviction qui promeuvent l’entrepreneuriat féminin
  • Un gender gap qui freine l’activité entrepreneuriale féminine
  • Repenser l’innovation et la réussite

Le 65e congrès mondial de l’ICSB

Le rendez-vous annuel de l’ICSB, l’International Council for Small Business, vient de se clore le 16 juillet 2021 au coeur de Paris, après plusieurs jours de débats, conférences et tables rondes, orchestrés par les écoles de commerce parisiennes IPAG et ESSCA, ainsi que le soutien actif de l’OCDE. Sous le nom d' »Exposition universelle d’Humane entrepreneurship « , des conférences ont réunis plusieurs centaines d’experts et d’expertes internationaux dans les domaines liés au monde de l’entreprise : financiers, économistes, décideurs publiques, dirigeants d’entreprises, enseignants-chercheurs… invités par l’ICSB, une ONG fondée en 1955 aux USA qui défend la promotion des petites entreprises à l’échelle planétaire, stimule les idées et les solutions pour garantir leur croissance via de nombreuses conférences en lien avec l’entrepreneuriat. Cette année, la thématique retenue a spécifiquement été celle des défis qu’a posé la crise sanitaire, les réponses des pouvoirs publics et des entreprises, et tous les enjeux futurs auxquels les entrepreneurs seront confrontés. Ce congrès fait suite entre autres à la publication du rapport de l’OCDE sur les PME et l’entrepreneuriat fin juin 2021, qui fait lui aussi l’objet d’un colloque. L’accent du congrès 2021 de l’ICSB a été en particulier mis sur les femmes entrepreneures, l’inclusion des minorités et les plus petites firmes (SME) qui sont les plus touchées par la pandémie et ses conséquences.

Des femmes de conviction qui promeuvent l’entrepreneuriat féminin

Clous du congrès, jeudi 15 juillet: la session plénière de l’ICSB  et la longue intervention autour du du thème  « The missing 25 million: reducing the gender gap in entrepreneurship in a post-covid world » (les 25 millions manquants: réduire la disparité de genre dans un monde post-covid). Ainsi que l’énonçait le résumé de la réunion, « malgré des années de politiques en faveur de l’entrepreunariat féminin, une disparité de genre persiste. Il est certain que si les femmes participaient au même titre que les hommes à la création du tissu entrepreunarial, il pourrait y avoir 25 millions de chefs d’entreprise de plus dans les pays de l’OCDE ». Le président de l’ICSB, Ayman El Tarabishy,  animait avec fougue la conférence et organisait le passage des différentes intervenantes . Par ordre de passage : Celine Kauffmann, Colette Henry, Claire Saddy, Chiara Condi, Dinah Benett, Elizabeth Vazquez and Barbara Orser, toutes dirigeantes d’entreprise, actrices du changement dans des hautes institutions économiques, professeures dans d’éminentes universités ou présidentes et fondatrices d’associations en faveur de l’entrepreunariat au féminin.

Un gender gap qui freine l’activité économique des femmes

D’après un rapport de l’Observatoire des Inégalités de 2016, si la répartition des tâches domestiques et parentales a considérablement augmenté ces derniers 30 ans, celle-ci reste inégale entre les hommes et les femmes. Ces dernières consacreraient en moyenne 3 heures par jour aux tâches domestiques et au soin de leur proche contre 2 heures pour les hommes. En 2020, une enquête réalisée par Sciences Po sur des données d’Ipsos permet de marquer une progression assez nette en terme de répartition des tâches parentales avant le confinement. En effet, le temps accordé au soin des enfants est égal entre les femmes et les hommes (2,9 heures par jour). Toutefois, le temps pour les tâches ménagères reste inégal (2,2 heures pour les hommes contre 2,7 pour les femmes). La tendance s’inverse pendant le confinement, les hommes passent presque autant de temps aux tâches ménagères que les femmes, mais moins pour le soin des enfants en proportion (4,2 heures contre 4,9 pour les femmes). “Les devoirs à la maison, le temps accordé aux enfants ont un impact négatif sur la prospérité d’un business” rappelle Céline Kauffman qui dirige la division Entrepreneuriat, PME et Tourisme à l’OCDE.

”La route est longue avant d’atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes, et la façon dont les gouvernements dépensent l’argent public montre ce qu’ils mettent pourtant en priorité” Elisabeth Vasquez, CEO et co-fondatrice de WEconnect International

D’autre part, Elisabeth Vazquez, co-fondatrice de WeConnect, une ONG qui favorise l’investissement dans les business féminins, rappelle que les femmes seraient plus enclines à dépenser pour leurs proches, notamment pour les fournitures scolaires, les jouets, l’accompagnement des personnes âgées… En plus des inégalités pratiques, les intervenantes pointent aussi les manques de perspectives, de modèles pour les femmes parfois dommageables à leurs aspirations. « La route est longue avant d’atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes, et la façon dont les gouvernements dépensent l’argent public montre ce qu’ils mettent pourtant en priorité” nous rappelle Elisabeth Vazquez, CEO et co-fondatrice de WEconnect International, pendant son allocation.

Repenser l’innovation et la réussite

“Le but dans la vie c’est d’être heureux non ? Nous devons redéfinir l’innovation” exhorte Claire Saddy, présidente de l’incubateur français Les Premières à plusieurs reprises. Cette dernière croit en l’entrepreneuriat féminin pour ramener plus de “bon sens” dans la croissance. Elles seraient plus à même de créer, d’innover sans laisser de côté leur développement personnel et celui de l’équipe. Pour cela, Claire Saddy se pose la question devant l’auditoire : “Est-ce vraiment aux femmes de s’adapter au monde économique ? Est-ce à elles de rentrer dans le moule ?”.

“ Nous avons créé un coaching concret dédié aux femmes , car le coaching classique ne marche pas, les hommes ne font pas face aux mêmes obstacles » Claire Saddy, Présidente de Les premières

L’intervenante Chiara Condi, présidente de l’association Led by her, incarne d’ailleurs parfaitement cette idée d’un entrepreneuriat à visage humain. La fondatrice de “Led by her” en est l’incarnation parfaite. Elle a fondé en 2014 cette association qui aide les femmes victimes de violences conjugales à se sortir du traumatisme pour bâtir une autre vie à travers l’entrepreneuriat. Sensible à l’importance du développement personnel, Chiara Condi affirme : “ L’entrepreneuriat est un moyen fantastique de mener un changement de vie, une transformation ”. De la même façon, Claire Saddy parle de “Les Premières”, l’incubateur dont elle est la présidente: “ nous avons créé un coaching concret dédié aux femmes , car le coaching classique ne marche pas, les hommes ne font pas face aux mêmes obstacles ».

« Cela n’est pas suffisant de doubler le nombre de femmes entrepreneurs, il faut changer les codes, les mentalités, se focaliser sur le bien-être et la santé mentale de toutes et tous » Elisabeth Vazquez

Colette Henry, titulaire de la chaire Global Women’s Entrepreneurship Policy, Dinah Bennett, fondatrice de l’organisation Consultants Internationaux pour l’entrepreneuriat et l’entreprise et Barbara Orser, professeure à l’Université d’Ottawa, sont intervenues sur les politiques d’aide mis en place par les gouvernements et ont donné des pistes pour leur amélioration à l’avenir. Enfin, Elisabeth Vazquez prône plus de coopération entre toutes les femmes qui travaillent de près ou de loin dans le monde de l’entrepreneuriat et de l’économie. Elle précise dans son intervention que «cela n’est pas suffisant de doubler le nombre de femmes entrepreneurs, il faut changer les codes, les mentalités, se focaliser sur le bien-être et la santé mentale de toutes et tous».

Partager cette publication

Informelles a besoin de vous!

A trois associés- Olivia Strigari, Yves Bougon et Mickaël Berret -  on a réalisé un rêve un peu fou: créer un média économique indépendant pour les femmes actives, pour avoir un impact sur l’égalité femme-homme, pour briser le plafond de verre et l’isolement des femmes managers, insuffler l’esprit de sororité parmi toutes celles qui œuvrent au quotidien, pour les inspirer avec des portraits de leurs paires, pour partager leurs expériences, leurs coups de gueule et de tête, pour les accompagner pas à pas dans leur aventure. Celle d’être une femme épanouie et libre.

Ce rêve est désormais en ligne, à un an de son lancement. Avec un nouvel outil génial qui œuvre pour la presse indépendante: la plateforme Jaimelinfo qui permet de faire des dons défiscalisés aux médias qui vous tiennent à cœur. Alors si vous partagez notre démarche et avez envie de contribuer à l’avancée de la parité, n’hésitez pas à nous soutenir ! Votre don sera défiscalisé à 66% et, en plus, réduira vos impôts!

Pour agir concrètement et faire que l’indépendance financière des femmes soit une réalité et l’entrepreneuriat féminin facilité…

Soutenez Informelles.media, la presse libre et indépendante pour l’empowerment féminin!

Donate