JO 2020 : Pourquoi le décathlon est-il encore seulement réservé aux hommes ?

Dans le monde de l’athlétisme, une polémique est toujours d'actualité : celle du décathlon. En effet, cette épreuve est toujours exclusivement pratiquée par des hommes, au détriment des athlètes féminins. Pourquoi ?

Sommaire

  • À l’origine de cette interdiction : des justifications uniquement sexistes ?
  • Les crispations et divisions dans le milieu de l’athlétisme autour de cette question

 

Grande absente des JO de Tokyo 2020, le décathlon au féminin fait toujours débat. L’association Let Women Decathlon, militant pour le rajout de cette épreuve aux Jeux olympiques d’été de 2024, a lancé une pétition intitulée “Mettre fin à la discrimination fondée sur les sexes aux Jeux Olympiques. Permettez le ‘décathlon femme’ ”. Elle a déjà récolté plus de 19 000 signatures sur les 25 000 attendues, témoin de l’engouement autour de cette question qui est loin de faire l’unanimité, même chez les athlètes femmes.


Au tout début de cette polémique, il y a d’abord la décision du Comité Olympique de poursuivre un statu quo : ne pas répondre favorablement aux nouvelles revendications qui réclament un décathlon pour les femmes. En effet, ces dernières disputent l’heptathlon, un combiné de sept épreuves d’athlétisme et l’équivalent du décathlon, mais sans le 400 mètres, le lancer de disque ni le saut à la perche. A la recherche de davantage d’égalité et d’opportunités, certaines se mobilisent afin de pouvoir concourir en 2024 à cette compétition à 10 épreuves, au lieu de l’heptathlon.

À l’origine de cette absence : des justifications uniquement sexistes ?

L’heptathlon est une discipline surtout pratiquée par des femmes, puisqu’elle se substitue généralement au décathlon lors des grands championnats. Sa première apparition aux Jeux olympiques d’été remonte à 1984, et elle connaît pleinement son essor deux ans plus tard avec Jackie Joyner-Kersee qui explose le précédent record. Cependant, elle est aujourd’hui décriée et certains athlètes demandent son retrait au profit du décathlon qui serait refusé aux femmes selon des critères sexistes. En effet, à l’origine, le refus de voir des femmes y concourir serait motivé par l’argument historique de la faible constitution physique des femmes. Cela a été le cas pour bien d’autres épreuves, telles que le lancer du marteau ou le saut à la perche qui se sont depuis ouverts aux deux sexes. Cependant, malgré les recommandations de 2001 d’un comité d’experts mandatés par l’IAAF (le Congrès de la Fédération Internationale d’Athlétisme) de mettre en place un décathlon féminin, la situation n’a pas changé. Si certaines organisations comme l’IAAF, voire des athlètes demeurent réticents à mettre en place un décathlon “féminin”, il semblerait que cela soit surtout pour des raisons d’ordres financier et organisationnel. La fin de l’heptathlon au profit du décathlon entraînerait le rajout des trois épreuves manquantes, ce qui rallongerait considérablement la compétition et impliquerait des changements de planning non-négligeables, pour des championnats réglés à la minute près. En outre, de nombreuses d’athlètes féminines pratiquant l’heptathlon refusent ces changements depuis plus de vingt ans, craignant le bouleversement sur leurs entraînements que cela amènerait.

Les crispations et divisions dans le milieu de l’athlétisme autour du décathlon

Passer de l’heptathlon au décathlon, ce serait rajouter trois épreuves de plus pour les athlètes femmes qui craignent souvent de voir leur mode d’entraînement totalement changer. L’introduction du saut à la perche par exemple, dont est totalement exempt l’heptathlon, cristallise des craintes. Beaucoup arguent que ce serait tout simplement changer d’épreuve, ce qui mettrait en péril leur carrière et leur place dans la compétition. C’est le cas de Nafissatou Thiam par exemple, qui remporte la médaille d’or d’heptathlon à Rio en 2016 ou encore de Jacqueline Joyner-Kersee, l’actuelle détentrice du record du monde de cette discipline. A l’opposée, on retrouve des athlètes comme Jordan Gray, athlète américaine record d’athlétisme qui se bat depuis des années pour que les femmes puissent concourir au décathlon dans les grands championnats internationaux, ou Kevin Mayer, sacré champion du monde de décathlon en 2017. L’introduction de ces trois nouvelles disciplines est donc loin de faire l’unanimité.

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