La campagne sur le voile du Conseil de l’Europe qui crée la polémique

Une campagne conçue pour promouvoir la diversité et l’inclusion avec des femmes voilées a été lancée jeudi 28 octobre 2021 par le Conseil de l'Europe. A la suite de vives polémiques qui ont agité la sphère politique, l’institution a décidé de la retirer. Résumé de l'affaire.

Sommaire

  • Une campagne pour célébrer la « liberté en hijab »
  • Questionnement sur le financement de la campagne
  • De gauche à droite, les réactions sont unanimes

Une campagne pour célébrer la « liberté en hijab »

Une campagne conçue pour promouvoir la diversité et l’inclusion dans le cadre du projet « WE CAN for human right speech », a été lancée jeudi 28 octobre 2021 par le Conseil de l’Europe. A la suite de vives polémiques qui ont agité les médias et les réseaux sociaux en France, l’institution a décidé de la retirer mardi soir.
Cette campagne proposait des portraits de plusieurs jeunes femmes, voilées sur une seule moitié de l’image. Un message en anglais indiquait : « Beauty is in diversity as freedom is in hijab » (« La beauté est dans la diversité comme la liberté est en hijab »). D’autres avec une femme voilée souriante portent le slogan :  » Mon hijab, mon choix. » En arabe, le hijab est le nom de voile porté par les femmes musulmanes. 

Le Conseil de l’Europe explique que la campagne faisait l’objet d’un projet conjoint avec l’Union européenne « dont l’objectif était de sensibiliser à la nécessité de respecter la diversité et l’inclusion et de combattre tout type de discours de haine ». Cependant, la campagne suscitant de nombreuses réactions à son encontre a été retirée par le conseil. « Ces tweets ont été retirés et nous allons réfléchir à une meilleure présentation de ce projet « , a confirmé le Conseil de l’Europe.

Questionnements sur le financement de la campagne

La question de la provenance du financement se pose également. Invitée à l’émission 24h Pujadas, la journaliste, essayiste et réalisatrice, Caroline Fourest donne son point de vue:  » Cette campagne est non pas le fruit pas d’un grand remplacement, mais d’un lobbying, d’un noyautage, à l’ancienne, c’est des organisation qui sont toutes proches des frères musulmans (organisation politique) […] vous avez l’European Forum of Muslim women (EFMW), l’Enar et la Femyso (Forum of European muslim youth and student organisations)… » Une position confirmée par un article de Marianne qui précise qu’un membre de la Femyso a bien participé à un atelier pour concevoir les messages des pubs. Une association de jeunesse musulmane qui semble proche de la mouvance des Frères Musulmans.

« Cette campagne est le fruit d’un lobbying, d’un noyautage à l’ancienne ». Caroline Fourest

Le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan ironise également sur Twitter : « Ceci n’est pas une campagne de propagande des Frères musulmans mais du Conseil de l’Europe”.

De gauche à droite les réactions sont unanimes

Le gouvernement s’est positionné mardi, via la prise de parole de sa secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse et de l’engagement, Sarah El Haïry sur Twitter. « Encourager le port du voile dans une démarche identitaire ; cette position est diamétralement opposée à celle de liberté de conviction que la France défend dans toutes les enceintes internationales. Nous avons fait part de notre désapprobation, cette campagne est retirée » dit-elle.

A droite, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a réagi sur Twitter estimant que  « le voile n’est pas un vêtement comme un autre, il n’est pas symbole de liberté mais de soumission. Et le rôle de l’Europe c’est de soutenir les femmes qui se battent dans le monde pour le droit de le retirer ! » 

Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national (RN) pour l’élection présidentielle, tweete également: « Cette communication européenne en faveur du voile islamiste est scandaleuse et indécente. C’est quand les femmes retirent le voile qu’elles deviennent libres, pas l’inverse ! »

A gauche, la sénatrice socialiste Laurence Rossignol estime que « rappeler que les femmes sont libres de porter le hijab (dans le respect des lois de chaque état membre, en France celle de 1905 et 2004) est une chose. Dire que la liberté est dans le hijab […] C’est en faire la promotion. C’est le rôle du conseil de l’Europe? »
L’ancien premier ministre et ex-membre du PS, Manuel Valls, a, lui, jugé la campagne de lutte contre les discriminations « choquante, ahurissante et dangereuse ».

Aujourd’hui, 3 novembre, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, affirme lors de son compte-rendu: « le gouvernement n’était pas informé de cette campagne. » Il ajoute: « elle a été faite en dépit du bon sens, parce qu’il ne faut pas confondre la liberté religieuse, avec la promotion, de facto, d’un signe religieux. » Enfin Gabriel Attal remarque « la France est le seul pays à être intervenu » auprès du Conseil de l’Europe.

A ce jour, les féministes musulmanes semblent ne pas avoir encore pris la parole sur le sujet.

 

 

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