La reconversion, la clé pour féminiser le numérique avec Social Builder et Numeum

La reconversion est-elle la clé du succès pour attirer plus de talents féminins dans les métiers du numérique? C'est tout l'objet d'une table ronde organisée par Social Builder et Numeum à Paris, avec leurs invités issus de Pôle Emploi et de l'Apec. En point d'orgue, un baromètre de la féminisation de ces professions à venir. Reportage et résumé des débats.

Sommaire

    • Le constat: moins d’un tiers des femmes dans les métiers du numérique
    • De la restauration au développement web, c’est possible !
    • Pas besoin d’être bonne en maths pour réussir !
    • Une pénurie de femmes à l’embauche
    • Quelles solutions pour féminiser l’univers du digital?
    • Manifeste pour la reconversion professionnelle des femmes vers les métiers du numérique
    • Un baromètre pour suivre les progrès de la féminisation
    • « Social Builder »
    • « Numeum »

Jeudi 29 septembre 2022, « Social Builder« , « Numeum«   avaient organisé une table ronde pour un « Tour d’Horizon de la Reconversion des Femmes dans le numérique » dans les espaces de coworking « Morning » à Paris. L’échange animé par Olivia Strigari – co-fondatrice et directrice de la publication d’Informelles – a duré près d’une heure et demie. Au micro, Emmanuelle Larroque, fondatrice et directrice générale de l’association « Social Builder » lance la séance. A ses cotés, Jean-Christophe Morisseau, vice-Président du programme « Femmes du Numérique » de « Numeum » et country manager chez « RedHat » dresse un état des lieux de la reconversion professionnelle des femmes vers les métiers du numérique. Audrey Pérocheau, Directrice France Formation et développement des compétences dans les territoires de Pôle Emploi et Gilles Gateau, Directeur général de l’Apec (Agence pour l’Emploi des Cadres) exposent la vision des acteurs publics de l’emploi. Enfin, Jessica Kuijer, ancienne employée du secteur de la restauration devenue développeuse, partage son expérience de reconversion dans le domaine de l’informatique. Reportage.

Moins d’un tiers des femmes dans les métiers du numérique

La part des femmes ne représenterait que 27,9% des emplois du numérique d’après Emmanuelle Larroque (souce: Secrétariat d’Etat chargé du numérique). Et ce chiffre descend à 17% dans les métiers dits « techniques ». « Mais ce qui nous inquiète le plus c’est que 50% des femmes qui occupent un poste dans ce domaine le quitte avant l’âge de 35 ans » nous confie-t-elle lors de notre interview. Par ailleurs, elle ajoute qu’aujourd’hui, « 82 000 postes sont ouverts dans les métiers du numérique » mais que les entreprises se heurtent à la pénurie de candidates quand vient le moment des recrutements. « Social Builder » se concentre alors sur deux points clés que sont « l’attractivité et la rétention des talents ».

De la restauration au développement web, c’est possible !

Le témoignage de Jessica Kuijer interpelle particulièrement le public. Cette ancienne employée de restauration et d’hôtellerie raconte son parcours de reconversion pour devenir développeuse web. Partie  d’un hobby, elle se lance dans une formation d’un an, via Social Builder, à l’école « webforce3 » en 2020, pour changer de profession et accomplir son rêve de coder.  Aujourd’hui Jessica Kuijer maitrise de nombreux langages comme « HTML5 », « CSS3 », « Javascript », « PHP » et elle s’est spécialisée l’an dernier sur le framework « Symfony », passant d’embauche en embauche. Comme l’illustre Emmanuelle Larroque, la reconversion « est la voie de l’avenir, il y a de plus en plus de reconversions dans les métiers du développement informatique. Dans le domaine, 20% en sont issus, soit une personne sur 5 qui se reconvertit ! »

Pas besoin d’être bonne en maths pour réussir !

S’il y a bien un mythe à déconstruire c’est celui d’être bon en mathématiques pour exercer dans le domaine de l’informatique. Jessica Kuijer l’a affirmé avec assurance durant la table ronde « Moi je suis nulle en maths mais je suis bonne en langues. Et pour moi, le code c’est un langage ».  De même, lors du cocktail, nous avons rencontré Majda. Cette ancienne élève d’un des programmes de « Social Builder » était initialement issue de la filière littéraire, puis elle s’est reconvertie et est aujourd’hui ingénieure chez Capgemini.

« Moi je suis nulle en maths mais je suis bonne en langues. Et pour moi, le code c’est un langage. » Jessica Kuijer, développeuse web

Une pénurie de femmes à l’embauche

Celle qui a fondé « Social Builder » peut se féliciter des résultats de l’association. En effet, ces onze dernières année, « Social Builder » a accompagné plus de 75 000 femmes. « Ce n’est pas suffisant » remarque-t-elle « compte tenu du gap actuel mais c’est tout de même non négligeable ». Mais des murs restent à abattre pour atteindre la parité dans l’univers du numérique. D’une part il y a encore et toujours beaucoup de stéréotypes quant aux femmes et à l’informatique. Il y a aussi la situation personnelle de la femme parfois à charge d’une famille ce qui les dissuade ou limite leur accès à ces milieux. Et puis pour Jean-Christophe Morisseau, les hommes doivent eux aussi prendre part à la féminisation du secteur numérique.

Quelles solutions pour féminiser l’univers du digital ?

Audrey Pérocheau nous donne plusieurs pistes. Son premier constat est le manque criant de rôles modèles dans ce domaine. Il faut montrer que les femmes réussissent pour montrer l’exemple. Dans un second temps, les entreprises doivent communiquer plus régulièrement leurs offres « parce que leur enjeu c’est d’attirer les femmes pour qu’elles soient candidates. Si elles veulent qu’on les aide, il faut qu’on puisse montrer aux femmes qu’il y a des offres d’emploi ». Les entreprises doivent aussi simplifier leurs annonces afin de les rendre compréhensibles et rendre visible les salaires « pour montrer que ça paye ». De plus, elle ajoute qu’une aide financière existe pour aider les entreprises à former un salarié avant embauche. Cette aide, c’est la préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI).

Manifeste pour la reconversion professionnelle des femmes vers les métiers du numérique

Fin 2021, « Social Builder » et « Numeum » ont décidé de palier au manque de femmes dans les métiers du numérique. Pour ce faire, ils ont rédigé un manifeste afin que les entreprises signataires s’engagent à mettre en œuvre certaines actions comme l’élargissement des critères de recrutement, la formations salariés aux pratiques favorisant l’inclusion et l’égalité Femmes/Hommes etc. A ce jour, plus de 200 entreprises ont rejoint le mouvement.

Un baromètre pour suivre les progrès de la féminisation

Point d’orgue de cette réunion et des ces débats, le lancement d’un « Baromètre » sur les femmes et le digital,  orchestré par Social Builder et Numeum avec le spécialiste des études de marché, Kantar, dont Thomas Zaruba, Chief digital director, détaille les modalités, la périodicité et les grandes lignes. Face à la pénurie des chiffres qui concernent la féminisation des métiers du numérique, ce baromètre est appelé à se renouveler tous les ans pour avoir une photographie au plus près des progressions en cours, et bénéficie du soutien de la DGCS (Direction Générale de la Cohésion Sociale). Les résultats de la première cohorte sont attendus au printemps 2023.

Lire aussi

• L’agenda business des femmes managers et des entrepreneuses en 2022
• Reportage informel: RDV avec Social Builder qui forme les femmes aux métiers du numérique

« Social Builder »

« Social Builder » est une association fondée par Emmanuelle Larroque en 2011 dans le but de former et d’insérer les femmes aux métiers du numérique. Plusieurs parcours sont proposés de la découverte à l’orientation des métiers du numérique. A ce jour, 75 000 femmes ont été accompagnées par l’association.

« Numeum »

« Numeum » est le syndicat professionnel de l’écosystème numérique en France. Il a pour objectif d’« accompagner la France dans la généralisation et la démocratisation de la formation numérique » et d’« agir au service d’un numérique responsable pour les entreprises, la société, l’humain et la planète ».

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