Sommaire
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1 milliard d’euros pour lutter contre les violences conjugales
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« Ne plus traiter les violences conjugales comme une cause à part »
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Garantir des services de santé de qualité et bienveillants
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Agir pour l’émancipation économique des femmes
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Parentalité et éducation, des impératifs
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Adopter une diplomatie féministe à l’échelle de l’Union Européenne
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Un train pour l’égalité
- Manifestation contre les violences conjugales envers les femmes et les enfants organisée par #NousToutes à Paris, en France, le 20 novembre 2021. Photo de Mylene Deroche/ABACAPRESS.COM
Alors que 10 féminicides ont déjà été commis depuis le début de l’année 2022, sept dirigeantes d’association féministes exigent un « plan d’urgence » aux candidats de la présidentielle pour éradiquer les inégalités et les violences faites aux femmes en France. C’est pourquoi, elles se sont réunies pour publier le 5 février « dix mesures à adopter les cents premiers jours du prochain quinquennat ». Elles invitent également tous les militants à soutenir leur pétition.
Anne-Cécile Mailfert (Fondation des femmes), Dominique Guillien et Françoise Brié (Fédération nationale solidarité femmes), Danielle Bousquet (Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles), Sarah Durocher (Planning familial), Sophie Chenot et Mélanie Tate, Déléguée Générale et Responsable emploi de Force Femmes figurent parmi les sept dirigeantes à exiger un « plan d’urgence de l’égalité » de la part du ou de la futur.e locataire de l’Elysée.
1 milliard d’euros pour lutter contre les violences conjugales
Un milliard d’euros: « Ce chiffre est bien connu et utilisé par les organisations féministes » nous explique Floriane Volt, la directrice des affaires publiques et juridiques de la Fondation des femmes. En effet, le « Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes » (HCE) l’a énoncé dans son rapport « Où est l’argent contre les violences conjugales ? » de 2018. Le but de cette étude ? Chiffrer les besoins financiers nécessaires à l’éradication des violences conjugales. Il en ressort ainsi un montant estimé à 1,1 milliard d’euros. Cette étude a été réalisée « à partir du nombre de femmes déclarant des violences conjugales, sans qu’elles soient nécessairement constatées par les forces de l’ordre ».
Des mesures coûteuses semblent en effet primordiales pour les dirigeantes des associations féministes comme l’augmentation des places dans les hébergements spécialisés ou la formation de l’ensemble des professionnels susceptibles d’être en contact avec des femmes violentées (santé, justice, police, etc). Hors aujourd’hui, « le budget alloué à la lutte contre les violences est de 79 millions d’euros ce qui est largement insuffisant » estime Floriane Volt.
« Le budget alloué à la lutte contre les violences est de 79 millions d’euros ce qui est largement insuffisant. » Floriane Volt
« Ne plus traiter les violences conjugales comme une cause à part »
La deuxième mesure inscrite dans la pétition implique la création d’un organe rattaché au Président de la République, « une coordination nationale de la lutte contre les violences faites aux femmes », afin de faire de cette lutte un sujet prioritaire. De la même manière, les ministères en charge de la prévention de la violence, comme le ministère de la justice ou de l’intérieur, doivent lui rendre des comptes. « Il faut une déclinaison à tous les niveaux » ajoute Floriane Volt.
Garantir des services de santé de qualité et bienveillants
En termes de santé, les dirigeantes demandent également l’inscription du droit à l’IVG dans la constitution. « 93% des français sont attachés au droit à l’avortement » d’après une étude Kantar réalisée en 2021. « Ainsi ça nous paraît logique d’inscrire cette loi dans la constitution » explique la directrice des affaires publiques et juridiques de la Fondation des femmes. Plus généralement, il est aussi recommandé par les signataires de donner un accès réel à chaque citoyenne à des services de santé à moins de 30 minutes de chez elles, de « construire de nouvelles maternités et d’améliorer la prise en compte des pathologies des femmes par la médecine ».
Agir pour l’émancipation économique des femmes
L’une des mesures phares proposées est de « lancer un Grenelle de l’égalité salariale« pour revaloriser les métiers féminisés et orienter les femmes vers les secteurs d’avenir. Pour Floriane Volt, il existe les écarts de salaire à poste égal, mais il faut également s’attaquer aux écarts de salaire globaux. Cela implique une renégociation des branches. « Pourquoi un contremaître ouvrier gagnerait-il plus qu’une infirmière ? » s’interroge-t-elle.
Parentalité et éducation, des impératifs
Garantir l’éducation de chaque enfant à l’égalité, à la sexualité et à la vie affective, et lutter contre l’industrie pornographique. Cela passe par le volet éducation, or « la loi n’est pas respectée ». Alors que la loi Aubry de 2001 exige 21 séances d’éducation sexuelles durant les sept années de collège et de lycée, seulement 2,7 séances d’éducation à la vie sexuelle et affective ont été délivrées selon une enquête menée par le collectif #NousToutes auprès de 10 900 personnes en 2022. Il est également nécessaire de « lutter contre l’industrie pornographique et sanctionner le non-respect de l’interdiction d’accès aux mineurs », tel qu’indiqué sur la tribune de samedi, ce qui n’est actuellement pas respecté.
Aussi, allonger le congé paternité et revaloriser le congé maternité sans perte de salaire est également un impératif aux yeux des associations.
Adopter une diplomatie féministe à l’échelle de l’Union Européenne
La dernière mesure consiste à augmenter les financements de la solidarité internationale vers les droits des femmes en poussant l’adoption d’une clause de la législation la plus favorable au sein de tous les pays de l’Union Européenne. « En Espagne il y a des tribunaux spécialisés pour les violences faites aux femmes, en appliquant une diplomatie féministe, tous les pays de l’Union Européenne en bénéficieraient également ».
Un train pour l’égalité
La fondation des femmes réalisera son premier tour de France en train du 27 février au 7 mars 2022 pour mettre fin aux inégalités homme-femmes. Ce tour s’arrêtera dans neuf villes, dont Lyon, Marseille ou encore Bordeaux, et permettra au public de découvrir le travail des associations locales, de suivre des formations contre le harcèlement ou encore d’écouter des conférences. La collecte des fonds qui sera effectuée lors de périple, sera entièrement reversée à la Fondation des femmes et aux associations locales.