Sommaire
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Alice Milliat défend le sport pour toutes les femmes
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L’engagement
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1922, les premiers JO Féminins
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Une reconnaissance tardive
Alice Milliat défend le sport pour toutes les femmes
Tous les quatre ans, nombreux sont ceux qui portent les louanges de Pierre de Coubertin mais qui se souvient d’Alice Milliat (1884-1957) ? Pourtant, sans cette journaliste, sportive accomplie (aviron, natation, hockey sur gazon) et fondatrice du club Fémina Sport en 1915 et de la Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France deux ans plus tard, le sport féminin n’aurait pas acquis la légitimité qu’il occupe aujourd’hui. “Entre 1915 et 1936, (elle) est la première dirigeante à encourager la pratique sportive pour les femmes en France et à l’échelle internationale”, écrit Florence Carpentier dans un article de 20-21 Revue d’Histoire.
L’engagement
Cette jeune provinciale, qu’un séjour londonien va convertir au sport et au féminisme, va se battre pendant vingt ans pour que le sport féminin bénéficie d’une reconnaissance à part entière dans un monde encore dominé par des hiérarques masculins comme Pierre de Coubertin. Ce dernier, soutenu par les fédérations française et américaine, rejette la participation des femmes à l’athlétisme aux JO de 1920. “De quel droit de prétendues lumières de la science décrètent-elles en même temps que nombre d’ignorants : « tels exercices conviennent à la femme, tels actes lui sont nuisibles ? » Qui peut le dire avec certitude à l’heure actuelle”, s’indigne-elle. Alice Milliat décide donc d’organiser une compétition d’athlétisme féminin à Monte-Carlo en mars 1921. C’est un succès ! Dans la foulée est créée en octobre la Fédération sportive féminine internationale (FSFI).
Les premiers JO Féminins
L’athlétisme a alors deux organisations internationales concurrentes : l’IAAF (World Athletics aujourd’hui) pour les hommes et composée uniquement d’hommes, et la FSFI, pour les femmes et composée à la fois d’hommes et de femmes. C’est la FSFI qui lance en août 1922 les Jeux Mondiaux Féminins (initialement appelés les Jeux Olympiques féminins) dont la première édition se tient à Paris. Le succès de la deuxième en Suède en 1926 oblige ainsi le CIO à accepter enfin la participation des femmes aux JO de 1928, même si le nombre de compétitions (5 seulement) et de sportives reste limité : 277 femmes sur 2 883 athlètes au total ! La prédiction d’Alice Milliat, “le sport féminin se propage. Bientôt ses derniers détracteurs n’auront plus qu’à disparaître”, devient enfin réalité. Il y aura en tout quatre éditions des JO féminins, les derniers ayant lieu à Londres en 1934 avec 270 athlètes de 19 pays. Malade et épuisée par ses années de lutte, Alice Milliat abandonne la lutte en 1935, un an avant que la FSFI ne soit dissoute. C’est la fin du rêve d’Alice Milliat d’un sport féminin qui ne serait dirigé que par des femmes.
“Le sport féminin se propage. Bientôt ses derniers détracteurs n’auront plus qu’à disparaître”. Alice Milliat, sportive et fondatrice de la Fédération sportive féminine internationale
Une reconnaissance tardive
Il faudra attendre le milieu des années 2000 pour que la figure d’Alice Milliat soit enfin reconnue. En 2016 une fondation portant son nom est créée afin de promouvoir l’égalité et l’inclusion dans le sport, et cinq ans après, une statue d’Alice Milliat est inaugurée dans les locaux parisiens du Comité national olympique et sportif français, aux côtés de celle de Pierre de Coubertin… Enfin, l’Arena 2 qui sera inaugurée en 1923 et accueillera des épreuves des JO de 2024 portera le nom de cette féministe qui a tant fait pour le sport au féminin.
Un challenge connecté pour faire bouger les lignes
Dès le début des Jeux Olympique de Tokyo 2020, le 23 juillet, la 6ème édition d’un challenge connecté a été lancé par la Fondation Alice Milliat via l’appli Running Heroes. Parrainée par Maxine Eouzan, ancienne gymnaste et journaliste sportive, c’est une course sur parcours libre, ouverte jusqu’au 5 septembre, permettant à tous les runners et runneuses de s’investir pour faire bouger les lignes du sport féminin. Découvrez d’autres portraits de femmes engagées : Charlotte Cooper et Suzanne Lenglen, tennis woman de légende.