Sommaire
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Lire : Sorcières, mes sœurs par Chantal Montellier
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Voir : Hommage au photo-journalisme féminin au Musée de la Libération de Paris
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Ecouter : Maud Lübeck revient sur son été 1988
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Sorcières, mes sœurs
Les éditions La Boîte à Bulles rééditent (en version actualisée) Sorcières, mes sœurs de Chantal Montellier trente ans après une première publication dans le magazine de BD (À Suivre). Alors que la première ministre écossaise vient de présenter des excuses officielles à toutes les victimes de la loi anti-sorcellerie de 1563 -qui fit plus de 2 500 victimes, essentiellement des femmes- Chantal Montellier rend hommage à ces femmes proches de la nature, sexuellement libres et qui se moquaient des autorités.
Ainsi, les sorcières faisaient peur et, en 2022, les femmes indépendantes suscitent aussi la crainte. C’est le message du livre de Chantal Montellier. « Si, de mon point de vue, les choses ont tout de même bougé, je crois cependant que l’imaginaire et la sexualité des femmes continuent de faire peur, surtout lorsqu’elles jouissent d’une certaine liberté. Peur de ne pouvoir les contrôler, les dominer. Peur de l’embrasement qu’elles pourraient provoquer », écrit l’auteure dans la préface.
Réhabiliter les sorcières
Chantal Montellier fait partie des rares femmes du paysage de la BD des années 70 et 80 (avec Claire Bretecher), paysage alors plutôt dominé par des hommes. Elle participe notamment aux aventures de Charlie Mensuel, Métal Hurlant, l’unique et éphémère revue féminine Ah ! Nana des Humanoïdes Associés, (À Suivre)... Figure féministe et radicale, son style réaliste se rapproche du reportage et annonce celui des romans graphiques d’aujourd’hui.
Chantal Montellier se réfère au très beau livre de Jules Michelet, La Sorcière, et de nombreux passages égrènent le livre. La Sorcière de Michelet est une tentative de réhabilitation de cette figure honnie de la culture occidentale après des siècles d’oppression et d’extermination. En 1862, le livre de Michelet fait scandale et est mis au pilon par son éditeur Hachette avant même sa parution. Cela lui coûtera sa chaire au Collège de France. Sorcières, mes sœurs fait référence à des épisodes modernes tout en puisant dans l’imaginaire historique. L’ouvrage est dédié à “Shane Benziane, brûlée vive à Vitry le 4 octobre 2002, pour avoir été libre ».
« Sorcières, mes sœurs« , La Boîte à Bulles, 19,00€
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Hommage au photo-journalisme féminin au Musée de la Libération de Paris
Huit femmes photographes de guerre sont à l’honneur au Musée de la Libération de Paris, huit femmes qui ont couvert la plupart des conflits du siècle dernier et du XXIe siècle. « Sur ces huits femmes, deux sont mortes pendant ces conflits », souligne Sylvie Zaidman, commissaire générale. L’exposition s’ouvre avec les photos de l’Allemande Gerda Taro (1910-1937), compagne de Robert Capa. Réfugiée à Paris en 1933, elle couvre la guerre civile espagnole et y trouve la mort à 26 ans. Son travail sera redécouvert plus tardivement. Quatre-vingt ans plus tard, sa compatriote, Anja Niedringhaus (1965-2014) trouve la mort alors qu’elle couvre l’élection présidentielle afghane. Des femmes courageuses dans un milieu d’hommes comme Lee Miller (1907-1977), muse de Man Ray et photographe qui couvre à partir de 1944 le débarquement de Normandie et la poussée des Alliés jusqu’en Allemagne et en Europe de l’Est. Ses clichés seront redécouverts après sa mort.
Des femmes sur les points chauds du monde
La française Christine Spengler (1945), auteure d’Une femme dans la guerre (Éditions des femmes), couvre tous les conflits à partir de 1970 jusqu’à la guerre en Irak en 2003. Catherine Leroy (1944-2006) part en 1966 au Vietnam et couvre la guerre pendant trois ans malgré l’hostilité de ses confrères masculins. Dans les années 70, elle sera en Afrique, en Afghanistan et au Moyen-Orient sur les principaux points chauds de la planète. Françoise Demulder (1947-2008) est mannequin comme Lee Miller avant d’embrasser la carrière de photographe qu’elle commence au Vietnam comme Christine Spengler. En 1977, elle est la première lauréate féminine du World Press Photo, prix le plus prestigieux du photo-journalisme.
L’Américaine Susan Meiselas (1948) a eu droit à une rétrospective en 2018 au musée du Jeu de Paume. La benjamine Carolyn Cole (1961) poursuit dans le sillon de ses aînées. Photographe du Los Angeles Times, sa couverture de la guerre au Liberia a été récompensée du prix Pulitzer.
Femmes photographes de guerre, Musée de la Libération de Paris, jusqu’au 31 décembre
Les femmes votent pour la première fois en Arabie Saoudite en décembre 2015
Photo Carolyn Cole/Los Angeles Times/TNS/ABACAPRESS.COM
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Maud Lübeck revient sur son été 1988
Après l’été 1985 qui fut celui de François Ozon, Maud Lübeck nous invite dans son été 1988. Comme dans Les Choses de la vie de Paul Guimard (roman) ou de Claude Sautet (film), le quatrième album de l’autrice-compositrice Maud Lübeck, commence par un accident de voiture. L’intro est lue par Irène Jacob. Le drame inaugure l’album qui décrit un deuil. « 1988, Chroniques d’un adieu » est un album-concept autobiographique, chronique d’un drame d’adolescence et d’amours secrètes lycéennes. On y croise aussi Nicole Garcia (Non) et Clotilde Hesme (Était-ce toi) aux cotés de Maud Lübeck, des voix de comédiennes qui nous accompagnent tout au long de ce deuil d’un amour impossible. « Je cours, je cours après mon cœur teenager qui disparaît dans la nuit… »
1988, chroniques d’un adieu, Cardiophonie /Finalistes