Sommaire
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Lire : un pavé dans la culture. Les femmes avec date de péremption
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Voir : l’artiste et le temps dilaté de la pandémie. Une œuvre singulière et poétique
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Ecouter: fric, oseille, pognon… ou Thune, le podcast et l’argent
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Un pavé dans la culture
Préfacé par Geneviève Fraisse, le nouvel opus de Reine Prat, “Exploser le plafond, précis de féminisme à l’usage du monde de la culture” décortique le fonctionnement des différentes maisons de la culture (cinéma, danse, théâtre, festivals…) en France. Après deux rapports sur la question de l’égalité, elle synthétise et met à jour les avancées de l’intégration, ou pas, des femmes dans cet univers hétéro normé, encore dirigé massivement par des hommes. Paru dans la collection “Les incisives”, le volume de cette inspectrice de la création, des enseignements artistiques et de l’action culturelle, fait grincer des dents et rappelle les bases. L’expression de la langue française soumise au verbe patriarcal, intimement liée à l’Histoire et à la position de la femme dans la vie politique et culturelle française. Les liens entre sexisme et racisme qui procèdent des mêmes intentions et préfigurent les mêmes exclusions. La création phagocytée par des règles et des diktats, dont Reine Prat détaille le vocabulaire très parlant,- disciplines, normes, codes, conservatoire…- le tout avec un foisonnement de citations qui en disent long sur ses références littéraires.
Les femmes avec date de péremption
En évoquant le scandale de Polanski, elle explique que “le monde du théâtre (ou du cinéma) a une responsabilité essentielle dans la fabrication des stéréotypes”, en cela que “les arts de la scène sont des arts de la représentation”. Et donc de la perpétuation d’un modèle patriarcal qui gangrène toute la culture française où peu de femmes émergent dans les hautes sphères et dont la durée de “vie publique”, sur scène notamment, est indexée sur le fait qu’elles sont ou “ne sont plus baisables”. Bref, Reine Prat questionne, par autant de chapitres, un monde qu’elle connaît si bien. Enfin elle met les deux pieds dans le plat, sans ménagement, et balaie des solutions finales qui pourraient être, aussi, radicales.
“Exploser le plafond, précis de féminisme à l’usage du monde de la culture”, Edition Rue de l’échiquier 12€
A noter que l’éditeur propose aussi un inédit pack de lecture “Girl Power”
« “La preuve raconte nous emmène bien au delà d’une simple dénonciation, ou d’une évidente réclamation des présences, de places, de directions d’institutions. La preuve raconte les empêchements à fabriquer de l’égalité”” Geneviève Fraisse, en préfaçant « Briser le plafond’ de Reine Prat
- “Exploser le plafond, précis de féminisme à l’usage du monde de la culture”
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L’artiste et le temps dilaté de la pandémie
Claire Morgan, “A tentative strategy for a renewal, or, wanting to tell you everything and then changing my mind” à la galerie Karsten Greve (5 rue Debelleyme 75003 Paris).
La galerie Karsten Greve accueille jusqu’au 23 décembre une exposition de l’artiste Claire Morgan, née à Belfast en 1980. Elle expose des œuvres récentes de 2021 ainsi que des dessins au fusain de 2020. “Même si les pièces exposées n’ont pas forcément un rapport direct avec le COVID, la pandémie m’a donné du temps, cela m’a été très utile. Pour la première fois, je n’avais pas de contrainte de délai », explique l’artiste de passage à Paris.
Une oeuvre singulière et poétique
Une œuvre spectaculaire accueille les visiteurs à l’entrée : l’on y voit une gigantesque défense d’éléphant cohabitant avec une installation de graines de chardon. “On pense que la défense est un symbole de violence mais finalement les éléments comme le chardon peuvent aussi se révéler très puissants à l’instar de ces racines qui transpercent le béton », remarque Claire Morgan qui joue sur la relation entre force et vulnérabilité. Dessins, installations avec des animaux, esquisses, l’exposition nous entraîne dans l’univers très personnel de l’artiste et se conclut avec une sculpture intitulée Snag, une défense en céramique sur laquelle sont disposés des restes d’animaux que Claire Morgan a trouvés dans la nature.
Chaque pièce ouvre des champs infinis d’interprétation. C’est d’ailleurs ce que souhaite Claire Morgan qui avoue elle-même qu’il lui est “difficile de donner une explication car mon point de vue change souvent. Ce que je veux c’est que chacun apporte sa propre interprétation sur mon travail ».
La Moderne Galerie du musée de la Sarre consacre également une rétrospective à Claire Morgan (Joy in the Pain) jusqu’en février 2022.
- Courtesy Galerie Karsten Greve Paris, Köln, St. Moritz. Photo : Nicolas Brasseur.
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Fric, oseille, pognon…ou Thune: le podcast et l’argent
Il y a 45 ans, ABBA se demandait : “Tout ce que je pourrais faire / si j’avais un peu d’argent / c’est un monde de riches”. Plus récemment, Laurence Vély avait lancé le podcast Thune, explorant notre relation à l’argent au travers d’interviews passionnantes. Rejointe par Anna Borel, elle décide de relancer Thune et les deux journalistes s’attaquent à « l’un des derniers tabous de notre société » en interrogeant nos contemporain.e.s sur leur “rapport intime à l’argent » : un retraité du poker professionnel, un ancien pauvre devenu riche, une féministe indépendante et dépendante, Melody, prostituée et dominatrice BDSM, spécialiste du shibari -l’art du ligotage et du bondage japonais- et le dernier épisode est consacré à un châtelain face à un gouffre financier : le château familial… Et vous, quel est votre rapport à la thune ?
https://podcasts.audiomeans.fr/thune-ec60b23b29bf
- Courtesy Galerie Karsten Greve Paris, Köln, St. Moritz. Photo : Nicolas Brasseur.