Sommaire
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Qui est Charlie Danger ?
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Instagram ou le culte de la perfection
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Le parfum de la compétition
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La rivalité féminine existe depuis la nuit des temps
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Le maintien de cette rivalité par la société moderne
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Comment en sortir ?
Qui est Charlie Danger ?
Charlie Danger est vidéaste, historienne et vulgarisatrice scientifique. Elle transmet sa passion pour l’histoire ancienne sur la plateforme Youtube. Sa chaine se nomme « Les revues du monde« et est suivie par plus de 900 000 personnes. Lors de sa prise de parole à la conférence TEDx Isae Supaero en Octobre 2019, la vidéaste parle de « compétition intrasexuelle féminine » c’est à dire la rivalité qui existe entre les femmes. Pour y mettre fin, la youtubeuse encourage à davantage de sororité mais aussi à faire tomber les normes de beauté en montrant davantage de femmes qui gardent leurs poils ou qui se montrent torse-nu. Un avis qui n’a visiblement pas été partagé par tous les internautes puisqu’elle a été la cible de plusieurs menaces de menaces de mort et de viol à son encontre.
Instagram ou le culte de la perfection
Un matin, alors que Charlie scrolle sur Instagram, son attention est retenue par les photos d’une fitness girl qu’elle trouve séduisante et attirante. Sans s’en rendre compte, elle passe plus d’une demi-heure à admirer les photos de la jeune femme et ressent alors un mal-être et un sentiment d’infériorité face à son physique. Charlie se demande alors pourquoi a-t-elle « presque instinctivement le besoin de se comparer à cette jeune femme ? » Elle se rend alors compte qu’elle pratique le « creeping », qui désigne cette tendance qu’ont les femmes de se suivre les unes les autres, afin d’y trouver un modèle à égaler ou pour jauger la concurrence.
Pour mieux comprendre le rapport complexe qu’entretiennent les femmes d’aujourd’hui avec la vision qu’elles ont d’elles même, Charlie décide de mener son enquête et trouve des éléments de réponse à travers la biologie, l’histoire et la psychologie comportementale.
Le parfum de la compétition
La biologie pourrait apporter un début de réponse à la rivalité féminine selon Charlie Danger. Pour l’expliquer, elle parle de compétition intrasexuelle (J.Huxley 1938). Cette théorie désigne la lutte entre les individus du même sexe pour attirer ceux du sexe opposé. Elle étaye ses propos en s’appuyant sur l’étude « Women smell their competition » menée par Jon Maner et James McNulty. Ces deux scientifiques ont mesuré les niveaux de testostérone des femmes avant et après qu’elles aient senti des t-shirts précédemment portés par d’autres femmes en période de haute et de basse fécondité. Les femmes exposées à l’odeur de l’ovulation présentaient des niveaux plus élevés de testostérone. Cette hormone étant associée à des comportements agressifs et de domination, Maner et McNulty en ont alors déduit que les femmes exposées à l’odeur de l’ovulation pouvaient devenir plus compétitives.
La rivalité féminine existe depuis la nuit des temps
Plaire et mettre en avant les qualités valorisées par les hommes est une tradition très ancienne et perpétuée à différents pans de l’histoire. Charlie Danger explique que dans de très nombreuses civilisations, les femmes ne disposant pas de leurs propres droits, dépendaient des hommes pour vivre. Ainsi, pour « acquérir une place dans la société il fallait se marier et attirer un bon parti ». En effet, dès le plus jeune âge, les filles étaient vues comme un placement qui assurait la pérennité financière de leur famille. Les plus jolies filles étant avantagées, « être choisie et être au-dessus des autres femmes » devenait alors une nécessité. La femme aurait alors intériorisé cette peur inconsciente d’être supplantée par une autre, explique-t-elle.
Un fait bien illustré dans la série à succès Les Chroniques de Bridgerton de Shonda Rhimes sortie en ce début d’année sur la plateforme Netflix. La série dresse un portrait de la société à l’époque de la Régence anglaise (XIXème siècle) ou l’éducation et les préoccupations des jeunes femmes est principalement centrée sur les règles de bienséance afin de plaire à leurs potentiels prétendants.
Le maintien de cette rivalité par la société moderne
La femme ne dépend plus de l’homme pour survivre, alors pourquoi existe-t-il toujours cette rivalité ? Pour Charlie Danger, la société nous rappelle en permanence qu’il est favorable pour une femme d’être jolie. Que cela passe par les média, les publicités, ou même les marques de cosmétiques, notre environnement est injecté de petites suggestions faites aux femmes pour leur rappeler l’intérêt qu’elles ont à être jolies.
Elle prend l’exemple de l’épilation qui a longtemps été considérée comme inhérente à l’esthétique de la femme. « Si on ne vous avait jamais montré de femmes épilées à la télé, l’auriez-vous fait ? » s’interroge-t-elle.
Par ailleurs, des études montrent que l’être humain associe naturellement la beauté à des qualités comme la sympathie, la gentillesse ou la santé bien qu’elles soient totalement décorrélées les unes des autres. Ces qualités seraient un atout dans divers domaines comme les relations amoureuses, le travail ou même la justice.