Pollution plastique : le combat de Rosalie Mann, fondatrice de No More Plastic Foundation

"Chaque semaine on ingère 5 grammes de plastiques". Rosalie Mann, fondatrice et présidente de No More Plastic Foundation, évoque avec Informelles son éveil et son combat contre la pollution plastique après son intervention au Women's forum global meeting 2022 de Paris.

Sommaire

    • La prise de conscience écologique de Rosalie Mann
    • Exposition des femmes et des hommes à la pollution plastique
    • Plaider pour une meilleure information des consommateurs
    • Des enzymes mangeuses de plastique

 

Gare à la pollution plastique ! Après un TedX nommé « La désillusion du plastique recyclé » l’an dernier, où elle rappelle que « nous consommons 5 grammes de plastiques chaque semaine », Rosalie Mann, 45 ans, fondatrice et présidente de la fondation No More Plastic, est intervenue le 29 novembre au global meeting du Women’s Forum (Paris), pour sensibiliser les participantes et participants à son combat contre les plastiques. Échange avec cette vulgarisatrice chevronnée et activiste ultra-dynamique, qui nous vient de l’univers de la photographie, de la réalisation et du conseil en image.

La prise de conscience écologique de Rosalie Mann

Informelles : Vous expliquez avoir eu un déclic tardif…

Rosalie Mann : En 2017, quand mon fils a eu des problèmes de santé, le médecin a eu cette phrase choquante : « C’est normal, c’est la pollution. » Or la pollution, ce n’est pas normal ! J’ai voulu agir. Ma curiosité m’a menée à m’intéresser plus particulièrement à la pollution plastique, et j’ai créé « No More Plastic » l’année suivante.

Exposition des femmes et des hommes à la pollution plastique

Biologiquement, les femmes sont-elles différemment exposées à la pollution plastique ?

R. M. : Oui. Par exemple, les femmes absorbent davantage les perturbateurs endocriniens présents dans les plastiques (NDLR selon le rapport « Plastics, Gender and the Environment » de l’ONG Women Engage for a Common Future, « les femmes et les hommes sont exposés différemment aux risques sur le lieu de travail en raison des différences biologiques entre les sexes, comme la taille du corps, la quantité de tissus adipeux, les organes reproducteurs, les hormones, le cœur, etc », « la proportion plus élevée de graisse corporelle chez les femmes constitue un réservoir plus important pour les produits chimiques bio-accumulables et les produits chimiques lipophiles – qui aiment les graisses »). Les périodes de puberté, menstruations, grossesse ou lactation sont sensibles.

Quels facteurs environnementaux influent sur l’exposition des femmes à la pollution plastique ?

R.M. : La pression sociale et le diktat de la jeunesse éternelle : les cosmétiques exposent les femmes aux microplastiques et aux matières plastiques, via leurs formulations ou packagings. S’ajoutent les plastiques des tampons, serviettes hygiéniques ou encore des textiles (NDLR selon le rapport précité, « les femmes qui travaillent dans des usines textiles et sont exposées aux fibres synthétiques et produits pétroliers au travail avant leur mi-trentaine semblent être plus à risque de développer un cancer du sein »). Autre facteur : la surreprésentation des femmes dans certains métiers (ménage, coiffure, soins esthétiques…) Ou l’exploitation de femmes et jeunes filles, en Afrique et en Asie notamment, qui manipulent du plastique dans des décharges à ciel ouvert, souvent sans gants, pieds nus…

« Les cosmétiques exposent les femmes aux microplastiques et matières plastiques, via leurs formulations ou packagings. » Rosalie Mann, présidente et fondatrice de No More Plastic Foundation 

Un conseil ?

R. M. : Si possible, fuyez les plastiques en général, et en particulier les produits contenant du plastique 1, 3, 6 et 7 – les numéros à l’intérieur de petits triangles sur les emballages.

Plaider pour une meilleure information des consommateurs

Un exemple de vos revendications juridiques, côté consommation ?

R.M. : Nous demandons notamment une loi Santé obligeant à indiquer la toxicité des plastiques sur les packagings (NDLR il est possible de suivre sur ce lien de l’Assemblée nationale l’avancée de la proposition de loi visant à lutter contre les plastiques dangereux pour l’environnement et la santé). Je veux ici rappeler que c’est aux industriels de changer, et ne pas culpabiliser les consommateurs.

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Des enzymes mangeuses de plastique

Un exemple de solution inspirante ?

R.M. : La découverte de la chercheuse italienne Federica Bertocchini, du Centre d’études biologiques Margarita Salas de Madrid, en Espagne. Des enzymes, dans la salive des larves du papillon de nuit Fausse teigne de la cire, dégradent le polyéthylène. Mais il faut détruire les plastiques et arrêter d’en produire. En effet, le recyclage n’est pas la solution, car même si nous recyclions une part suffisante de plastique (ce qui n’est pas le cas), il est toxique tout au long de son cycle de vie, de sa production à son utilisation et réutilisation !

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