Présidentielle 2022 : quatre femmes face à huit hommes

Elles seront finalement quatre à se lancer à l'assaut de l'Elysée lors de cette présidentielle 2022. 48 ans après Arlette Laguiller, première candidate à l'élection présidentielle, cela reste encore un exercice difficile pour les femmes.

Sommaire

  • 1974, « une affaire d’hommes »
  • Laguiller, la recordwoman de la Ve République
  • 1995 à 2007, les candidates s’imposent
  • Historique, une femme au second tour
  • Ségolène, victime du sexisme
  • Un recul des femmes
  • Dur, dur d’être une femme
  • Présidentielle 2022 : Valérie Pécresse victime de sexisme ?

Il y aura finalement quatre femmes à briguer l’Elysée le 10 avril prochain, soit un tiers des candidats à la présidentielle 2022. A l’extrême-droite et à l’extrême-gauche, Marine Le Pen et Nathalie Arthaud sont présentes pour la troisième fois après leurs campagnes de 2012 et 2017. Pour Anne Hidalgo (PS) et Valérie Pécresse (LR), cela sera une première. Elles feront face à huit hommes. Petit historique des candidatures féminines. 

1974, « une affaires d’hommes » 

Dans l’histoire politique française, il faut attendre le scrutin de 1974 pour voir apparaître un profil féminin, celui d’Arlette Laguiller, jeune candidate de Lutte Ouvrière de 34 ans. Sa première campagne dénonce les inégalités femmes-hommes. Elle s’insurge contre la faible représentation politique des femmes, ”une affaire d’hommes” puisque seulement huit femmes siègent au Parlement sur 480 députés à l’époque. Et elle veut s’attaquer aux inégalités salariales et défend le droit à la contraception et à l’avortement. 

 

 

Laguiller, la recordwoman de la Ve République 

C’est la recordwoman des candidates puisqu’elle sera là 6 fois de 1974 à 2007 sans interruption. Elle est seule face à onze hommes -dont VGE et Mitterrand- en 1974 (2,33% des voix). Elle est rejointe sept ans plus tard par Huguette Bouchardeau à gauche (PSU) et Marie-France Garaud à droite. A elles trois, elles cumulent 4,73% des voix. En 1988, Arlette Laguiller est de nouveau esseulée face à neuf hommes politiques et ne recueille que 1,99% des voix. Le Figaro dira d’elle, « elle est sûrement très bonne dactylo, mais qu’elle reste à sa place ».

1995 à 2007, les candidates s’imposent 

Pourtant depuis 1995, les électrices et électeurs se sont habitués à la présence de plusieurs femmes au premier tour de l’élection présidentielle : deux cette même année (dont Arlette Laguiller et Dominique Voynet), le double en 2002 avec (encore) Arlette Laguiller (LO), Christiane Taubira (PRG), l’écologiste Corinne Lepage (Cap 21) et Christine Boutin (FRS). Elles atteignent pour la première fois 11,11% des suffrages, un record historique. 

Historique, une femme au second tour 

En 2007, elles sont encore quatre prétendantes sur douze candidats, un niveau jamais atteint : Arlette Laguiller (toujours), la communiste Marie-George Buffet, la socialiste Ségolène Royal et l’écologiste Dominique Voynet, pour une deuxième candidature. Portées par le bon score de la candidate socialiste, elles réunissent 30,7% des voix. Ségolène Royal est la première femme à accéder au second tour. Battue par Nicolas Sarkozy, elle obtient 46,94% des suffrages face à son adversaire.  

Présidentielle 2022

Des supporters de Ségolène Royal en 2007 Photo by Guibbaud-Nebinger/ABACAPRESS.COM

Ségolène, victime du sexisme 

Dans son livre de 2018, Ce que je peux enfin vous dire (Fayard), elle revient sur les attaques sexistes dont elle a été victime pendant cette campagne, même dans son propre camp. Comme le souligne un article récent de Mediapart, sa campagne sera marquée par un déferlement de sexisme. On la juge sur ses tenues (“microphénomène de mode”), son physique (“la présidentielle n’est pas un concours de beauté” commente Jean-Luc Mélenchon) et les qualificatifs sont souvent péjoratifs : “moment mondain”,dame patronnesse”, “mère fouettarde”, “marque de détergent, vrai produit marketing”, “meneuse de revue”...

 

 

Un recul des femmes

Les élections présidentielles de 2012 et 2017 voient la place des femmes reculer puisqu’elles ne sont plus que trois sur dix puis deux sur onze… À l’extrême-gauche, Nathalie Arthaud remplace Arlette Laguiller (2022 sera sa troisième campagne) alors qu’à l’autre extrême de l’échiquier politique, Jean-Marie Le Pen (cinq campagnes) cède sa place à sa fille Marine Le Pen (troisième campagne également en 2022). Eva Joly fait une brève apparition en 2012 comme représentante écologiste mais fait un score médiocre (2,31%). Elle regrette avoir fait l’objet « d’âgisme, de sexisme et d’une forme de xénophobie ». Dans une interview au Parisien, la ministre Nadine Moreno se fend d’une remarque sexiste, indiquant que « les images restent, alors il faut faire attention à tout, surtout quand on est une femme », avant d’ajouter que « le problème d’image avec Eva Joly ne vient pas que de son accent, c’est aussi physique ».

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Première campagne de Marine Le Pen en 2012
©ABACAPRESS.COM

Dur, dur d’être une femme

En 2017, dix ans après Ségolène Royal, une femme est encore présente au second tour. Marine Le Pen réunit alors 7,6 millions de suffrages, un record pour l’extrême-droite. Mais elle est battue par Emmanuel Macron, ne réunissant que 33,90% des votes exprimés (10,6 millions de votes). Son agressivité face à son adversaire lors du débat du second tour est alors moquée.

Présidentielle 2022 : Valérie Pécresse victime de sexisme ?

La présidentielle 2022 est marquée par les mésaventures de Valérie Pécresse qui s’estime victime de sexisme. A la suite de son meeting du 13 février, la candidate des Républicains estime qu’un « phénomène médiatique machiste (…) se met en place dans cette campagne ». Pourtant, plus de 70 % des Français jugeraient possible l’arrivée d’une femme à l’Elysée. Mais pour la sénatrice Laurence Rossignol, citée par Le Monde, « l’élection présidentielle est un exercice archaïque, marqué par une symbolique bonapartiste… Difficile pour une femme moderne d’entrer dans ce rôle. »

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