Sommaire
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Elisabeth Borne, une nomination attendue
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Une carrière dans les ministères
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Des réformes contestées et une grève record
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Ministre de la Transition écologique d’abord récriée
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D’un gouvernement à l’autre
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Des réactions contrastées
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- Elisabeth Borne, ancienne ministre du Travail devenue Première Ministre lundi 16 mai. Photo by Eliot Blondet ©ABACAPRESS.COM
Elisabeth Borne, une nomination attendue
Citée parmi la liste des candidates « Premières ministres » potentielles à Matignon, la nomination d’Elisabeth Borne, lundi 16 mais après plusieurs jours de suspens, ne surprend pas, ainsi que le choix du Président Emmanuel Macron, de piocher parmi son gouvernement actuel.
Fidèle macroniste de la première heure (elle a été de tous les gouvernements depuis 2017), ministre du Travail sortante, avec une réforme sur le calcul des indemnités de Pôle Emploi, le renforcement de la formation pour les chômeurs de longue durée et un chantier en cours sur l’épineux dossier de la réforme des retraites, Elisabeth Borne 61 ans, représente tout ce qui fait la réussite de la République. Fille d’une pharmacienne et d’un ancien résistant qui meurt quand elle a 11 ans, Elisabeth Borne va d’abord se forger une éducation en passant par l’Ecole Polytechnique d’où elle sort ingénieure des Ponts et Chaussées, puis un destin sous les ors des nombreux ministères qu’elle arpentera.
Attachée à la cohésion de son pays, lors de sa passation avec Castex, lundi 16 mai, elle dit croire « à l’égalité des chances ». Elle accueille aussi sa nomination avec un hommage à sa seule et unique prédécesseure femme, Edith Cresson: « je ne peux pas m’empêcher d’avoir une pensée pour la première femme qui a occupé ces fonctions. Et peut-être je voudrais dédier cette nomination à toutes les petites filles, en leur disant : allez au bout de vos rêves et rien ne doit freiner le combat pour la place des femmes dans notre société ». Elle rejoint désormais le peloton de plus en plus fourni des femmes politiques, cheffes d’Etat ou de gouvernement étrangères qui ont façonné les années 2021-2022.
Une carrière dans les ministères
Proche du Parti Socialiste, elle commence sa carrière à la fin des années 1980 au Ministère de l’équipement, puis devient conseillère de Lionel Jospin et de son successeur, Jack Lang, au Ministère de l’éducation. Après un bref passage dans le privé, elle rejoint à nouveau Lionel Jospin lorsqu’il rentre à Matignon, en tant que chargée des transports.
De 2002 à 2007, elle est à la tête de la stratégie de la SNCF, puis arrive à l’urbanisme de la Mairie de Paris. Nommée préfète de la région Poitou-Charente de 2013 à 2014, elle devient directrice de cabinet de Ségolène Royal, alors que celle-ci est ministre de l’Environnement, avant d’entrer à la RATP pour deux ans. Ici, si elle cherche à promouvoir la carrière des femmes, elle est aussi connue pour les burn-out qui se succèdent dans ses services. Ministre des transports sous les deux mandats d’Edouard Philippe, elle est à l’origine d’une loi des Mobilités avec François de Rugy qui sera entérinée en juin 2019.
« Je ne peux pas m’empêcher d’avoir une pensée pour la première femme qui a occupé ces fonctions (Edith Cresson). Et peut-être je voudrais dédier cette nomination à toutes les petites filles, en leur disant : allez au bout de vos rêves et rien ne doit freiner le combat pour la place des femmes dans notre société. » Elisabeth Borne, nouvelle Première Ministre française
Des réformes contestées et une grève record
Alors qu’elle est au cabinet du Ministère de l’environnement, en 2015, elle pointe du doigt « la rentabilité exceptionnelle des autoroutes », la rente que cela représente pour les sociétés qui en sont concessionnaires. Elle fait partie du groupe de travail à l’Assemblée, constitué après le rapport de la Cour des comptes. Sauf qu’en marge, avec Alexis Kohler, elle renégocie les contrats de manière avantageuse pour les concessionnaires, qui bénéficient de six ans supplémentaires de contrat et d’un plan de rattrapage tarifaire en leur faveur.
Par la suite, en mai 2017, elle devient ministre chargée des Transports auprès de Nicolas Hulot, où elle est à l’origine d’une réforme sur l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire qui va impacter durablement la SNCF (qu’elle connaît bien) en transformant son statut d’entreprise, en modifiant la retraites des cheminots, en permettant l’arrêt de nouveaux recrutements et une nouvelle mainmise de l’Etat. Elle va écoper de la plus longue grève de la SNCF, ce qui n’empêchera pas le passage de cette réforme à l’Assemblée.
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Ministre de la Transition écologique d’abord récriée
En 2018 elle va présenter sa Loi des mobilités conjointement avec François de Rugy, alors ministre de la Transition écologique et solidaire, qu’elle remplace ensuite lorsqu’il démissionne en juillet 2019. Ce même mois de juillet, elle porte le projet de l’écotaxe sur le transport aérien, censée rapporter 182 millions à partir de 2020, jugée alors insuffisante et rendue inutile par la pandémie de l’année suivante. Elle continue aussi le travail de son prédécesseur sur l’urgence écologique, prévoyant de nouveaux objectifs, notamment une baisse de 40 % de la consommation d’énergies fossiles d’ici à 2030 et le report de la baisse d’énergie nucléaire de 2025 à 2035.
D’un gouvernement à l’autre
Lors du nouveau gouvernement Castex, nommé le 20 juillet 2020, elle passe au ministère du Travail, de l’emploi et de l’insertion. Au programme, une réforme de l’assurance chômage et celle des retraites à l’arrêt, qui vont être reportés à cause de la crise du Covid19, dont la première deviendra effective en 2021 et largement critiquée.
Candidate aux élections législatives dans le Calvados, Elisabeth Borne vient d’être nommée la tête du gouvernement, 31 ans après, jour pour jour, la seule et unique femme Première Ministre en France, Edith Cresson. Un poste qu’elle maintiendra une fois que les législatives proches entérineront cette décision du président avec son élection dans la circonscription du Calvados d’où était originaire sa mère.
Des réactions contrastées
À sa nomination la twittosphère n’a pas attendu longtemps pour diffuser les réactions des femmes et hommes politiques de tous bords. Si elle est salué dans le camp macroniste et par une partie des Républicains, notamment par Valérie Pécresse, candidate malheureuse à l’élection Présidentielle, qui twitte: « Toutes mes félicitations républicaines à @Elisabeth_Borne. Elle a incontestablement le parcours d’engagement nécessaire pour devenir la 2e femme Premier ministre de notre pays. Je lui souhaite le meilleur pour la France » ou encore par Christian Estrosi, elle est la cible d’attaques nourries par une partie de la gauche.
Le Parti Socialiste tape fort avec la voix de son Premier Secrétaire, Olivier Faure qui dit: « Point positif, une femme PM. Pour le reste… Nomination de la ministre des Transports qui a démantelé le service public ferroviaire, de l’Ecologie condamnée pour inaction climatique, du Travail qui a spolié les chômeurs avec la réforme de l’assurance chômage #BorneOut« .
Le parti Europe Écologie Les Verts (EELV) renchérit en revenant sur son bilan environnemental, via Julien Bayou: « Elisabeth Borne, que ce soit en tant que ministre de l’Écologie ou Ministre des Transports, a échoué à mettre la France sur la trajectoire nécessaire pour respecter l’Accord de Paris. Elle partage, avec d’autres, la responsabilité de ces cinq ans de perdus pour le climat ». Tandis que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon dénoncent un choix anti-social.