Redécouvrir Alice Milliat, icône du sport féminin

Sportive, journaliste, professionnelle de la communication, Aurélie Bresson est depuis septembre 2020 présidente de la Fondation Alice Milliat. Elle nous raconte l'activité de la Fondation pour promouvoir le sport féminin. Entretien.

Sommaire

  • Alice Milliat, sportive et engagée
  • Le sport féminin en guerre contre les « barons »
  • La parité dans le sport français
  • Le calendrier Alice Milliat en 2021

Sportive, journaliste, professionnelle de la communication, Aurélie Bresson est depuis septembre 2020 présidente de la Fondation Alice Milliat. Entrepreneure, en 2016 elle a lancé « Les Sportives », un média sur le sport féminin. Entretien.

Alice Milliat, sportive et engagée

Informelles : Qui était Alice Milliat ?

Aurélie Bresson : Née à la fin du XIXe siècle à Nantes, c’est en Angleterre qu’elle découvre le militantisme féministe  ainsi qu’un modèle plus égalitaire et structuré pour le sport au féminin. Elle s’ouvre aussi à d’autres sports comme le football ou l’athlétisme. Elle n’a cependant jamais été une grande championne même si elle fut nageuse, hockeyeuse, rameuse et, surtout, la première femme à parcourir 80 kilomètres sur la Seine en moins de douze heures. Pour elle, l’important est que les femmes puissent se faire entendre dans le sport. La finalité de son combat c’est la pratique sportive des femmes et leur participation aux compétitions comme les hommes. C’est la grande pionnière du sport féminin. Elle accompagne la première vague du féminisme. Alice Milliat est une sportive convaincue et une militante féministe

Que fit-elle concrètement ?

AB : Elle devient la présidente en 1915 de Fémina Sport, le premier club omnisports pour les femmes. En 1921, elle crée la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) dans la foulée d’un meeting féminin international organisé à Monaco pour des sportives de France, Grande-Bretagne, Italie, Norvège et Suède. La FSFI lance ce que l’on pourrait appeler les premiers Jeux olympiques féminins en 1922 -même si le terme ne peut pas être utilisé- les Jeux mondiaux féminins qui seront organisés en alternance avec des JO qui refusent toujours l’accès aux femmes car Pierre de Coubertin considérait qu’elles n’y avaient pas leur place. Ces Jeux sont un énorme succès sportif et populaire, ce qui oblige le CIO à intégrer des athlètes féminines aux JO d’Anvers de 1928. Cette année-là, Alice Milliat devient la première femme juge lors des épreuves d’athlétisme. Mais elle sera vite écartée…

Le sport féminin en guerre contre les « barons »

Pourquoi redécouvrir Alice Milliat ?

AB : Elle est novatrice sur plusieurs plans. Elle met en avant la notion de mixité. Son objectif était de travailler avec et non contre les hommes. A l’époque où le CIO était un univers 100% masculin, celui des « barons » à l’image d’un Pierre de Coubertin, la Fédération sportive féminine internationale accueillait aussi bien des femmes que des hommes, il y avait une vraie diversité. Elle a compris l’influence cruciale de la presse et le pouvoir des journalistes. Enfin, elle a une culture cosmopolite, internationale. Alice Milliat parlait couramment plusieurs langues étrangères. Elle est d’ailleurs plus reconnue à l’étranger qu’en France.

Comment expliquer cela ?

AB : Pendant longtemps le sport français a été dominé par des hommes. Il y avait ce poids de la gouvernance de Pierre de Coubertin contre qui Alice Milliat s’était battue. Les « barons » ont contribué à effacer sa mémoire et son action dans son propre pays.

La parité dans le sport français

Où en est la parité au sein du sport ?

AB : La situation s’est améliorée à partir des années 2010. Najat Vallaud-Belkacem a participé à la féminisation des fédérations en introduisant le principe des quotas en 2014. Il y a aujourd’hui plus de diversité dans les structures sportives. C’est la première fois dans l’histoire que trois femmes sont à la tête du sport français. Roxana Maracineanu. -ex-gymnaste- est ministre des Sports, Brigitte Henriques -ex-footballeuse- dirige le Comité national olympique et sportif français -première femme à occuper ce poste- et l’athlète Marie-Amélie Le Fur  est à la tête du Comité Paralympique et sportif français.

Quand est née la fondation Alice Milliat ?

AB : La fondation est née en mars 2016 afin de combattre les inégalités dans le sport, d’y promouvoir la place des femmes et d’augmenter la visibilité du sport féminin. L’un de nos objectifs est évidemment de faire sortir de l’anonymat cette icône du sport qu’est Alice Milliat. Notre mission est donc de mieux la faire connaître. Et cela commence à bouger puisque nous recevons plus de demandes d’utilisation de son nom. L’Arena 2 qui accueillera les épreuves olympiques de badminton et de gymnastique rythmique, portera le nom d’Alice Milliat. C’est la première fois qu’une femme donne son nom à un équipement olympique. Nous finançons des projets en faisant appel à des fonds publics ou privés.

« La fondation est née en mars 2016 afin de combattre les inégalités dans le sport, d’y promouvoir la place des femmes et d’augmenter la visibilité du sport féminin. L’un de nos objectifs est évidemment de faire sortir de l’anonymat cette icône du sport qu’est Alice Milliat. Aurélie Bresson, Présidente de la Fondation Milliat

Le calendrier Alice Milliat en 2021

Quelle est l’actualité de la Fondation ?

AB : Le 8 mars dernier, une statue-oeuvre d’art à l’effigie d’Alice Milliat a été inaugurée en présence de Roxana Maracineanu et de Jean-Michel Blanquer dans le hall d’entrée du Comité Olympique français, juste à côté de celle de Pierre de Coubertin. C’est un symbole fort.

Il y a d’ailleurs un calendrier « Alice Milliat » favorable avec les 100 ans de la création de la FSFI en 2021 et le centenaire en 2022 des premiers Jeux mondiaux féminins. Les Jeux Olympiques de 2024 -en France, pays d’origine d’Alice Milliat- seront également les premiers JO vraiment paritaires. Les JO ont toujours été des rendez-vous importants pour le sport féminin. C’est une vitrine incroyable. En 2016, les médailles d’Estelle Mossely et de Sara Ourahmoune aux JO de Rio, les premières dans l’histoire de la boxe féminine française, ont entraîné une augmentation de 20 à 30% du nombre de licenciées ! Il y aura une montée en puissance jusqu’en 2028 pour le centenaire de l’admission des femmes au sein de l’olympisme.

Le 29 octobre prochain, les premiers Trophées Alice Milliat seront décernés lors d’un gala à Nantes. Fin novembre, la première édition des Sportives en lumière, festival de cinéma co-produit par la Fondation et le Musée National du Sport, aura lieu à Nice. Une BD sur la vie d’Alice Milliat est également en préparation !

 

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