Réforme Blanquer : les maths en berne chez les lycéennes

La réforme du lycée menée par le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer en 2018 a accru les inégalités entre filles et garçons en mathématiques. Plusieurs associations et instituts de recherche ont dénoncé la chute de la part des filles dans les filières scientifiques. On fait le point.

Sommaire

  • Une réforme qui accroit les inégalités filles-garçons en mathématiques
  • Les maths, une matière délaissée par les filles
  • Quelles conséquences pour l’avenir des lycéennes
  • Les femmes et les sciences après le baccalauréat ?

Une réforme qui accroit les inégalités filles-garçons en mathématiques

La réforme du baccalauréat dans les lycées est aujourd’hui fortement contestée par les professeurs et les instituts de recherche. Adoptée par le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer en 2018, la réforme instaure une nouvelle organisation dans le choix des matières scolaires des lycéens supprimant les traditionnelles filières (S,ES,L) et favorisant un système de spécialités. Désormais, les élèves doivent suivre les cours d’un tronc commun obligatoire et choisir trois spécialités en première et deux en terminale. Les mathématiques sont remplacées par l’enseignement scientifique, largement assuré par les professeurs de SVT et de physique chimie, laissant seulement 6,5% des heures de l’enseignement scientifique accordées aux mathématiques. D’après une étude menée par la Depp en novembre 2021, l’enseignement des mathématiques au lycée est passé de 183 heures en 2018 à 150 heures en 2020, soit une perte de 18,7% d’heures de cours.

Les maths, une matière délaissée par les filles

Il est néanmoins possible de choisir les mathématiques en spécialité, mais on observe que les élèves et, en majeure partie les filles, font l’impasse sur cette matière.

Avant la réforme, les classes de terminales scientifiques étaient composées à 48,4% de filles. En 2021, elles n’étaient plus que 38,6 %. Cette proportion est même inférieure à celle de 1995. « En deux années, on a perdu vingt ans d’efforts » déplore le mathématicien Jean-Pierre Bourguignon, au micro de France Inter vendredi 21 Janvier.

Quelles conséquences pour l’avenir des lycéennes ?

Pour Thomas Breda, chargé de recherches CNRS et chercheur associé à l’école d’économie de Paris, la réforme oblige les élèves à se spécialiser trop tôt. Or, « le goût des mathématiques peut venir plus tard chez les filles. […] Il faut laisser le temps à chacun de pratiquer différentes disciplines » explique-t-il au quotidien Le Figaro.
Pour l’Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public (APMEP) « les filles se ferment les portes de la plupart des études scientifiques, qui mènent aux emplois et aux carrières parmi les mieux valorisés ».
Dans un communiqué, ils ajoutent que les mathématiques ne doivent pas être réservées « aux seuls élèves motivés, à un âge où les choix peuvent n’avoir que peu de lien avec l’orientation future ».

« Les filles se ferment les portes de la plupart des études scientifiques, qui mènent aux emplois et aux carrières parmi les mieux valorisés ». APMEP, l’Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public

Les femmes et les sciences après le baccalauréat ?

Selon le classement 2021 du Figaro, les filles représentent en moyenne 15 à 25% des effectifs dans les écoles d’ingénieurs. Philippe Dépincé, président de la commission formation et société de la CDEFI et directeur de Polytech Nantes estime que les filles doivent comprendre dès le primaire qu’elles ont leur place au sein des filières scientifiques.

Plus tard, à leur arrivée sur le marche du travail, dans le secteur de la technologie on compte 76% d’hommes. Et dans l’industrie informatique, seulement 27% des codeurs sont des femmes. Même son de cloche dans le domaine de la recherche en sciences, la France est en dessous de la moyenne européenne pour la part de femmes avec 28% contre 33% au sein de l’Union européenne. Un avenir en demi teinte pour les jeunes femmes dans les sciences.

 

 

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