Vues du monde : des influenceuses chinoises dans la tourmente

Depuis plusieurs mois, la reprise en main par les autorités chinoises n'épargne pas les influenceuses chinoises. Li Ziqi, entrepreneuse, influenceuse et incarnation d’un idéal de vie rurale, a vécu le couperet de la censure, après une disparition de 3 mois. Décryptage.

Sommaire

  • Le destin mystérieux des influenceuses chinoises
  • Un style de vie pas si frugal
  • Un vrai business
  • L’inévitable remise au pas
  • Entre la Big Tech et le Parti
  • Vive la vraie frugalité
  • Une génération de radins ?

Le destin mystérieux des influenceuses chinoises

La reprise en main par les autorités chinoises n’épargne pas certaines “princesses” du digital. La journaliste Yi-Ling Liu décrit sur le site Rest of world les mésaventures de Li Ziqi, entrepreneure, influenceuse et incarnation d’un idéal de vie rurale. Le New York Times l’avait consacré comme la “reine du confinement”, apportant réconfort et rêve à tous ceux qui étaient coincés dans les villes durant la pandémie.

Elle est aussi la représentante la plus connue d’une génération d’entrepreneurs ayant fait fortune et surfant sur la vague du “retour dans les campagnes”, un mouvement plus ou moins soutenu par les autorités et financé par les géants de la Tech chinoise.

Un style de vie pas si frugal

“Les scènes de la vie de Li (ici sur sa chaîneYouTube) -récolte de dattes chinoises, naissance de canetons et mijotage de vin de fleurs de pêche- ont subjugué les spectateurs du monde entier. Elle a attiré 55 millions de personnes sur Douyin, la version locale de TikTok, et compte 16 millions d’abonnés sur YouTube”, explique Yi-Ling Liu.

influences chinoises

Loin des foules citadines. Photo by Zhu Zhenqiang/Costfoto/SPUS/ABACAPRESS.COM

Un vrai business

“Bien qu’elle ait créé une échappatoire virtuelle aux maux technologiques de la modernité, son succès est construit sur les choses mêmes que son style de vie rejette”, remarque la journaliste en pointant les contradictions d’un tel projet. Li Ziqi a monté ainsi un véritable business autour de son style de vie “frugal”, ses équipes nombreuses produisant des vidéos et vendant de la publicité. Un site de commerce en ligne a même été développé sur TMall d’Alibaba.

« “Les scènes de la vie de Li  Ziqi -récolte de dattes chinoises, naissance de canetons et mijotage de vin de fleurs de pêche- ont subjugué les spectateurs du monde entier. » Yi-Ling Liu, journaliste de Rest of world

L’inévitable remise au pas

Mais en juillet dernier, Li Ziqi a tout simplement disparu de la Toile avant de réapparaître trois mois plus tard. C’est alors qu’“elle dénonce publiquement l’économie des influenceurs, et décide de poursuivre l’agence d’influenceurs Hangzhou Weinian Brand Management, qui gérait (et possédait une partie de) son empire en ligne”, raconte Rest of the world.

Entre la Big Tech et le Parti

Beaucoup de ses fans pensaient qu’elle représentait un îlot de paix à l’écart du Parti communiste et de la politique. “Mais derrière la caméra, Li Ziqi n’est qu’un acteur parmi d’autres de l’économie des plates-formes -empêtrée d’une part dans la machine à profit de l’industrie des vidéos et, d’autre part, prisonnière de la rhétorique changeante de la politique du parti”, conclut Yi-Ling Liu.

Vive la vraie frugalité

« La frugalité serait-elle à la mode parmi les leaders d’opinion de la toile chinoise », s’interroge de son côté le South China Morning Post. Dans une interview diffusée sur le réseau social QQ de Tencent, vue plus de 500 millions de fois sur Weibo, Wang Shenai prône un mode de vie frugal, frisant même l’avarice. Mariée et mère d’un enfant, elle économise 90% de son salaire en refusant les excès et en rognant sur tout. Mais, “à 32 ans elle possède (déjà) deux appartements dans la ville relativement riche de Nanjing, capitale de la province orientale du Jiangsu”, explique le quotidien de Hong Kong.

Une génération de radins ?

« Je pense qu’il est important pour les femmes d’acheter des biens. Elles doivent en être propriétaires, quelle que soit la taille. Lorsqu’une femme subit des échecs, sa maison est l’endroit où elle peut se retirer », déclare Wang. Cette milléniale est l’une des figures de proue d’un « groupe de discussion des radins » sur Douban, un autre réseau social chinois où les gens échangent des conseils pour réduire leurs dépenses et se tenir à l’écart des produits de luxe. L’enjeu est de taille puisque sa génération représente 65% de la croissance de la consommation intérieure chinoise en 2021.

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