Sommaire
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Deux auteures féministes phares aux USA
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Ruth Bader Ginsburg, doyenne de la parité aux USA
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Carrie Goldberg, l’avocate du “revenge porn”
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La force du collectif
Deux auteures féministes phares aux USA
Un petit livre d’interviews de Ruth Bader Ginsburg -l’ancienne juge de la Cour suprême américaine, ardente défenseure des droits des femmes, décédée en septembre 2020- et le récit de l’avocate Carrie Goldberg, écrit avec la journaliste Jeannine Amber, parus en 2020 et 2019, sont l’occasion de revenir sur deux profils majeurs de l’histoire contemporaine des Etats-Unis. L’une, rendue célèbre en 2018 par le documentaire RGB et par un film Une femme d’exception –On the Basis of Sex– fit du combat contre les discriminations sexistes le combat de sa vie; l’autre -mis sur le devant de la scène lors de l’affaire Weinstein- est engagée depuis le début du siècle dans la lutte contre le harcèlement en ligne et les atteintes à l’intimité de la vie privée.
Portrait de Ruth Bader Ginsburg par Bradley Hart / Photo by Adam Gray/SWNS/ABACAPRESS.COM
Ruth Bader Ginsburg, doyenne de la parité aux USA
En 1971, Ruth Bader Ginsburg est l’une des fondatrices du Projet pour les droits des femmes (Women’s Rights Project) de l’ »Union américaine pour les libertés civiles » (American Civil Liberties Union en anglais) dont la raison d’être est de combattre les discriminations légales basées sur le sexe. En cinq ans, elle défend six affaires devant la Cour suprême et en gagne cinq dont certaines feront avancer la cause des femmes (et des hommes) aux Etats-Unis. “J’ai eu beaucoup de chance d’être là dans les années 1970 lorsque, pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, il est devenu possible de faire tomber les barrières qui empêchaient les femmes de faire tout ce que leur talent divin leur permettait de faire”, explique-t-elle. Après une carrière bien remplie au service de la parité, elle est nommée en 1993 à la Cour suprême des Etats-Unis, deuxième femme à accéder à la plus haute jurisdiction.
“J’ai eu beaucoup de chance d’être là dans les années 1970 lorsque, pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, il est devenu possible de faire tomber les barrières qui empêchaient les femmes de faire tout ce que leur talent divin leur permettait de faire”. Ruth Bader Ginsburg
Carrie Goldberg, l’avocate du “revenge porn”
Carrie Goldberg, que l’on appelle parfois aux Etats-Unis l’avocate du “revenge porn” (pornodivulgation en français), raconte dans un style direct son combat, celui qu’elle mène depuis 2014 contre les prédateurs en ligne. Après un viol et alors qu’elle est victime d’une campagne de harcèlement en ligne de la part de son ex-boyfriend, Carrie -comme certaines de ses futures clientes- est au bord du suicide. “La vérité est que mon cabinet s’est construit sur les décombres du désespoir, de la détresse et de l’impuissance. C’est le produit d’une décision prise par une personne suicidaire qui s’est donné un an pour essayer quelque chose de nouveau”, raconte-elle dans « Nobody’s Victim ». Les quelques pages où elle explique de quelle façon elle fait décoller son cabinet qui devient en 2018 l’une des stars de l’industrie, seront une source d’inspiration pour toutes les entrepreneuses (ou comment surmonter le “syndrome de l’imposteur”). Cette guerrière (“ruthless motherfucker” dans le texte) revient dans chaque chapitre de Nobody’s Victim sur quelques-unes de ses principales affaires (notamment un procès historique contre Grindr, l’application de rencontres en ligne). Il est clair que Carrie Goldberg est engagée dans un combat titanesque pour le droit des victimes face à leurs perpétrateurs -la plupart sont souvent des hommes- et aux plateformes qui les hébergent (« À tous les titans de la technologie et aux capital-risqueurs qui financent les inventions stupides qui ruinent nos vies, vous êtes aussi dans notre ligne de mire »). Pour elle, il est temps que les géants du Net “ rendent des comptes” et ne puissent plus s’abriter derrière des législations complaisantes que Carrie tente de réformer.
“La vérité est que mon cabinet s’est construit sur les décombres du désespoir, de la détresse et de l’impuissance. ”. Carrie Goldberg
La force du collectif
Ses deux combattantes semblent ignorer l’adversité et envisagent “les obstacles comme des opportunités pour informer et éclairer”, comme l’indiquait Ruth Bader Ginsburg. Elles nous rappellent la force de l’espoir et de la lutte pour plus de droits. Et les deux livres soulignent la force du collectif. Dans sa conclusion, Carrie Goldberg s’exclame : « nous sommes une armée de guerriers et nous ne reculerons pas ! », mots qui font écho au conseil de RGB, “Battez-vous pour les choses qui vous tiennent à cœur, mais faites-le de manière à ce qu’autres personnes vous rejoignent”. Plus mesurée -mais pas moins décidée- Ruth Bader Ginsburg ajoute à la fin de son livre : “ si vous ne réussissez pas tout de suite, essayez et essayez encore. N’arrêtez pas d’essayer”. Deux livres incontournables pour toutes les femmes d’action…
“Battez-vous pour les choses qui vous tiennent à cœur, mais faites-le de manière à ce qu’autres personnes vous rejoignent”.Ruth Bader Ginsburg
Lectures
- Ruth Bader Ginsburg, I know this to be true, on equality, determination & service, Foundation Nelson Mandela-Chronicle Books, 2020
- Carrie Goldberg, Nobody’s Victim: Fighting Harassment Online & Off, Virago, 2019