Sommaire
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Lire : Ryoko Sekiguchi nous invite à manger le Japon
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Voir : Les femmes du design au Vitra Design Museum
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Ecouter : Trois voix suisses d’ailleurs
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Ryoko Sekiguchi nous invite à manger le Japon
Pour fêter ses deux ans d’existence, la jeune équipe de Tempura, magazine des nouvelles tendances nippones, a demandé à Ryoko Sekiguchi d’être la rédactrice en chef d’un numéro spécial sur la gastronomie japonaise.
La romancière, traductrice, auteure de Nagori, la nostalgie de la saison qui s’en va en 2018 (P.O.L), passeuse de frontières entre le Japon, la France et d’autres cultures -son dernier livre chez P.O.L s’intitule 961 heures à Beyrouth (et 321 plats qui les accompagnent)- nous a concocté avec Emil Pacha Valencia, rédacteur en chef de Tempura, un menu copieux qui nous emmène a la découverte de cette gastronomie japonaise.
Comme le souligne Ryoko Sekiguchi, à l’époque du Japon conquérant, sa cuisine était « étrangère » voire étrange ou même bizarre. Après l’éclatement de la bulle spéculative et le début d’une longue crise, le Japon est devenu moins menaçant et « la cuisine japonaise (est devenue) l’idéal de la cuisine saine et détox ». Attention aux clichés cependant car le « Japon est le creuset de nos obsessions”. On y projette facilement nos fantasmes et nos rêves.
Ce numéro spécial évite ces travers et à travers ses 196 pages, introduit des produits, des tendances, des histoires, des personnages (un bel hommage au cinéaste Itami Jūzō), des recommandations, des adresses (évidemment) qui nous permettent de mieux cerner la complexité et la richesse de cette cuisine qui ne cesse de se réinventer.
Tempura, Hors-série : Manger le Japon – 2022, 19,00 euros
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Les femmes du design au Vitra Design Museum
Il ne reste que quelques jours pour découvrir l’exposition Here We Are! Women In Design du Vitra Design Museum sur les femmes dans le design. Les commissaires de l’exposition, Viviane Stappmanns, Nina Steinmüller et Susanne Graner, racontent l’histoire de ces femmes dans un monde trop longtemps dominé par les hommes. 120 ans d’histoire du design, quatre thématiques, des dizaines de portraits de femmes designers, l’exposition invite le public à un voyage de lutte, d’émancipation puis d’éclosion. Elle dresse aussi en parallèle l’histoire du féminisme et de ses conquêtes sociales et politiques. L’anecdote de la célèbre chaise longue en cuir et acier du Corbusier qui fut en fait conçue par la jeune Charlotte Perriand, est révélatrice à cet égard. L’architecte franco-suisse s’approprie la création en oubliant de mentionner sa jeune disciple ! Ray Eames s’efface longtemps derrière son mari avant que sa contribution ne soit reconnue.
Charlotte Perriand sur la chaise longue Le Corbusier, Jeanneret, Perriand, 1928.
DR/AChP.
Source : Archives Charlotte Perriand
©ADAGP-AChP 2006.
L’exposition permet de découvrir quelques créatrices oubliées. Jeanne Toussaint, la « panthère », amie de Coco Chanel et de Louis Cartier, fut la directrice artistique de la Maison Cartier de 1933 jusqu’à sa mort en 1970. C’est elle qui fera du félin le symbole de la marque. Galina Balachova (1931), architecte spatiale et artiste russe, a travaillé pour le programme spatial soviétique de 1963 à 1991. Elle a notamment contribué à l’aménagement futuriste des vaisseaux Soyouz et de la station spatiale Mir. Depuis quelques années, on découvre son œuvre jusqu’alors presque inconnue. Aujourd’hui, plus de la moitié des étudiants des écoles de design sont des femmes…
Here We Are! Women in Design 1900-Today, Vitra Design Museum, Weil-am-Rhein, près de Bâle, jusqu’au 6 mars 2022
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Trois voix helvétiques d’ailleurs
Saviez-vous que 40% de la population suisse est issue d’une première ou seconde génération d’immigrés ? Notre voisin si proche (et pourtant si méconnu) est ainsi une terre d’accueil pour des chanteuses inclassables. Sélection de trois voix helvétiques venus d’ailleurs, trois chanteuses trentenaires à découvrir.
Dans son nouveau single (Plumas en el Viento, Plumes sur la vigne), Yilian Cañizares continue d’explorer les multiples champs de son talent multiculturel et hétéroclite. Cette chanteuse-violoniste de 39 ans, installée en Suisse en 2000, est originaire de La Havane. Après des études classiques de violon au Vénézuela et en Suisse, elle évolue vers le jazz et les musiques du monde. Elle chante en espagnol, yoruba et français. En 2013, le Nouvel Obs avait placé son premier album solo Ochumare (Naïve Records) dans la catégorie des révélations de l’année.
Priya Ragu a attendu 35 ans pour quitter son job dans l’aviation et sortir son premier album Damnshestamil en 2021 (Warner Records). Née dans une famille de réfugiés sri-lankais, elle grandit dans la ville suisse de Saint-Gall. Pour faire plaisir à ses parents, Priya trouve un emploi dans une compagnie aérienne et s’installe à Zurich. Mais en secret, elle fait de la musique et aspire à en vivre. En 2017, elle déménage à New York pendant six mois pour suivre sa passion. Ironie du sort, elle commence à travailler par Skype avec son frère resté en Suisse, le producteur Japhna Gold. C’est lui qui lui propose d’introduire des influences tamil dans sa musique qui penche plutôt vers le R&B. Un profil rare sur la scène musicale.
Licia Chery est une Suisse d’origine haïtienne. Comme Priya Ragu, elle a d’abord caché à ses parents le fait qu’elle était musicienne. Pianiste de formation classique, autrice-compositrice-interprète, première animatrice noire de l’histoire de la télévision publique suisse, activiste anti-raciste, romancière, Licia Chery est une touche-à-tout. En novembre dernier, elle publie Noir en couleur (Éditions Favre), une biographie dans laquelle elle relate l’histoire de ses ancêtres de l’Afrique à Haïti. Son dernier album, Inspirations (Sophie Records), date de 2015. On attend impatiemment le prochain.