Sommaire
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Des dirigeants hommes interrogés sur des sujets habituellement réservés aux femmes
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« Les femmes dans la presse, entre adolescence professionnelle et « exception » permanente »
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Inciter les journalistes à poser des questions moins stéréotypées
« Et si on posait les mêmes questions aux femmes et aux hommes ? » est une campagne vidéo humoristique réalisée par SISTA (collectifs de femmes entrepreneures) et Mirova Forward (Agence de communication) pour dénoncer le traitement des femmes dirigeantes par les médias. Dans cette campagne, des hommes chefs d’entreprise sont interrogés sans le savoir par la comédienne Alisson Chassagne qui joue le rôle d’une journaliste.
Des dirigeants hommes interrogés sur des sujets habituellement réservés aux femmes
Huit grands hommes dirigeants ont été interrogés sur des sujets habituellement réservés aux femmes : François-Henri Pinault (le PDG de Kering), Frédéric Mazzella (le président de BlaBblaCar), Xavier Niel (le fondateur de Free mobile), Thierry Déau (le fondateur et PDG de Méridiam) ou encore Cédric O le secrétaire d’Etat chargé du numérique. Les questions ont été piochées dans 118 articles publiés ces trois dernières années. Elles concernent l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle, les moments doutes, la charge mentale etc.
« Vous êtes très beau », « Ça va, vous n’êtes pas stressés ? ça va bien se passer ». Dès le début de la vidéo, Alisson Chassagne ne démord pas de son rôle. Elle commence d’ailleurs par interroger Frédéric Mazzella, le fondateur de Blablacar. « Bravo pour ce parcours exceptionnel, c’est très rare d’occuper de telles fonctions pour un homme de votre âge, on est pas habitués ». Impossible de ne pas remarquer l’étonnement du dirigeant, déconcerté et abasourdi par les remarques d’Alisson Chassagne.
« Les femmes dans la presse, entre adolescence professionnelle et « exception » permanente »
Pour se faire, SISTA et Mirova Forward ont mandaté l’agence de communication Mots clés très impliquée dans la promotion de l’égalité de genre pour documenter les différences de traitement entre les hommes et les femmes dans les médias. Le constat est sans appel. Les carrières féminines à forte responsabilité font toujours figure d’« exception » ou se situent dans une « adolescence professionnelle » selon le communiqué de presse. Tandis que les hommes, eux, sont souvent dépeints comme des « experts » de leurs sujets. L’étude réalisée par l’agence le prouve. 80% des interviews d’experts sont portées par des hommes contrairement aux femmes qui sont plus souvent interrogées sur des thématiques non liées à leur cœur de métier. « Quand on analyse la presse, on se rend compte que les verbes d’action sont destinés aux hommes. Les hommes décident, et puis les femmes vont réfléchir ou vont essayer » déplore Tatiana Jama, la CEO de Levia.ai et cofondatrice du mouvement Sista lors d’une interview accordée à France Info.
Inciter les journalistes à poser des questions moins stéréotypées
« D’un point de vue systémique, on est tous malheureusement extrêmement biaisés » explique Tatiana Jama. Elle étaye ses propos en prenant l’exemple suivant « le mot jeune femme revient systématiquement alors qu’on ne parle pas de jeune homme. Bien qu’on ait le même âge. Par ailleurs, on parle souvent de mes enfants, mon mari a les mêmes, on ne lui en parle jamais ». Selon elle, il est possible de corriger ces stéréotypes, simplement cela doit passer par les médias. Anne-Claire Roux, directrice générale de Mirova Forward pense qu’il faut « inciter les journalistes à aller vers des questions moins stéréotypées ou, à l’inverse, posées de manière égale à toutes et tous » déclare -telle dans un communiqué de presse.
« Inciter les journaliste à aller vers des questions moins stéréotypées ou, à l’inverse, posées de manière générale à toutes et à tous. »Anne Claire Roux, directrice générale de Mirova Forward