Guerre en Ukraine : crash test pour l’économiste star du Kremlin

Depuis 2013, Elvira Nabiullina gère d'une main de maître la Banque centrale russe. Sa loyauté à Poutine et au Kremlin est aujourd'hui mise à rude épreuve. Les commentateurs s’interrogent : doit-elle ou non rester ?

Sommaire

  • Une proche du Kremlin
  • Un parcours sans faute
  • La Russie au bord du gouffre ?
  • Corée du Nord géante sous stéroïdes

 

À la tête de la banque centrale russe depuis juin 2013, Elvira Nabiullina (58 ans), d’origine tatare, a l’habitude de transmettre subtilement certains messages. Elle change régulièrement les broches qu’elle porte lors de ses interventions publiques. “Un faucon (signifie) un retour aux hausses des taux d’intérêt directeurs; un nuage de pluie qu’elle (veut) atténuer les attentes en matière d’inflation”, explique le Financial Times dans un portrait qu’il lui consacre. Ses broches sont devenues célèbres.

Une proche du Kremlin 

C’est en 2013 que Vladimir Poutine la nomme à la tête de l’institution. Il souhaite reprendre la main et appelle de ses vœux une politique monétaire moins austère. Elle est alors son économiste en chef. Comme le souligne alors un article du New York Times, elle est “considérée comme une proche alliée politique de Poutine.” C’est aussi l’une des rares femmes hauts fonctionnaires de Russie. 

Kremlin

Elvira Nabiullina en janvier 2022 ©TASS Host Photo Agency

Un parcours sans faute 

“Amoureuse de poésie et d’opéra français, (elle) a fait preuve d’une détermination sans faille depuis sa prise de fonction en 2013”, explique le Financial Times. A la tête de la Banque centrale, elle gère d’une main de fer l’impact des sanctions occidentales après l’annexion de la Crimée en 2014. 

L’économie russe renoue avec la croissance et le taux d’inflation diminue. “Ce succès conduit de nombreuses publications à la nommer meilleure banquière centrale du monde et lui vaut la confiance de Poutine, analyse le quotidien anglais des affaires.

La Russie au bord du gouffre ? 

Lundi 28 février, lors d’une réunion au sommet sur l’économie russe avec le maître du Kremlin, elle porte une robe noire sans broche. Même si elle affirme que tout sera fait pour soutenir le système bancaire russe et les clients, elle avoue que “le système financier et l’économie de la Russie sont confrontés à une situation totalement anormale”. Le rouble s’est effondré de près de 30% et les taux d’intérêts atteignent les 20%. Le système bancaire russe est mis au ban des transactions internationales. La Banque centrale a stoppé les transactions boursières et les actions de sociétés russes cotées à Londres ont chuté de 98% !  

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Un twitto -supprimé depuis- sur la réunion au sommet sur l’économie russe du 28 février

Corée du Nord géante sous stéroïdes

Pour certains commentateurs, la robe noire d’Elvira Nabiullina et l’absence de broche sont synonymes de la “mort” de l’économie russe. Un twitto commente ainsi la photo des officiels présents à la réunion avec Poutine : “Tous : écouter le président; Nabiullina : réfléchir au cercueil qu’il faut commander pour l’économie…” 

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Moins d’argent mais plus de répression. Pour Alexander Gabuev du think tank Carnegie Moscow Center, cité par le site d’informations Politico, la Russie peut “devenir une Corée du Nord géante sous stéroïdes (…) qui pourra toujours fonctionner en tant que régime ». Même si certains observateurs pensent que l’économiste star du régime ne soutient pas la politique de Poutine en Ukraine, elle souhaite rester à son poste. « Elle pense que ce travail est important pour les citoyens russes et qu’elle le fait mieux que quiconque”, explique Sergei Guriev, économiste à Sciences Po Paris, au Financial Times. “Si elle commence à parler contre Poutine, elle sera mise à la porte et ne pourra pas aider le peuple russe”.

 

 

 

 

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