Sommaire
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Fortunes suisses : des histoires de familles
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Des femmes à la tête des Rothschild
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Des héritières qui s’engagent
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Quelques figures d’exception
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L’argent ne fait pas le bonheur
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Profils atypiques et jeunes générations
Charlene de Carvalho-Heineken en 2014. Photo by Robin Utrecht/ABACAPRESS.COM
Fortunes suisses : des histoires de familles
Le magazine économique Bilan vient de publier son classement des 300 premières fortunes suisses. Et les femmes y sont « presque » inexistantes. Pour la journaliste Ghislaine Bloch, « les dames se font (…) discrètes. (…). Seule Charlene de Carvalho-Heineken se glisse dans le top des plus grosses fortunes ». Britannique, elle a hérité de 25% des actions du brasseur hollandais et son patrimoine est estimé à 14 milliards de francs suisses (13,5 milliards d’euros). Petite-fille de, fille de, ex-épouse de… Son exemple n’est pas unique dans ce classement et comme le souligne le magazine suisse, il y a « tant d’héritières et si peu d‘entrepreneures« .
Propriétaires du groupe pharmaceutique Roche, les familles Hoffman, Oeri et Duschmalé dominent la cuvée 2021 des fortunes suisses. Leurs actifs sont estimés à 35 milliards de francs suisses (34 milliards d’euros). Bienfaitrice de la ville d’Arles et fondatrice de la fondation LUMA, Maja Hoffmann est la sœur d’André Hoffmann, vice-président du groupe. Numéro 4 du classement, la famille Safra est maintenant dirigé par Vicky Safra -de nationalité grecque- et ses 4 enfants depuis le décès en décembre 2020 du patriarche Joseph Safra, libanais d’origine syrienne ayant fait fortune au Brésil. Le groupe, d’une valeur de 23 milliards (22 milliards d’euros), est présent dans l’agroalimentaire, l’immobilier et la finance.
« Les dames se font (…) discrètes. (…) Seule Charlene de Carvalho-Heineken (67 ans) se glisse dans le top des plus grosses fortunes”. Bilan, les 300 plus riches de Suisse
Des femmes à la tête des Rothschild
Le magazine remarque aussi que le groupe Edmond de Rothschild est aujourd’hui sous contrôle des femmes depuis le décès du baron Benjamin de Rothschild en janvier 2021 : Ariane, ses quatre filles et sa belle-mère, Nadine, sont aux commandes. 67e au classement, leur fortune est évaluée à 2-3 milliards de francs suisses (1,9-2,9 milliards d’euros). Cas extrême, Laura Paulus, 121e fortune avec 1-1,5 milliards de francs suisses (960 millions-1,4 milliard d’euros), a hérité à la fois de son père -Daniel Borel, le fondateur de Logitech- et de son époux, Michael Paulus qui a « cédé sa plateforme de vente d’assurances en ligne au géant Prudential pour 2,35 milliards de dollars ».
Le cas de Carolina Müller-Möhl (167e place des fortunes suisses) est un peu différent. A la mort de son mari, sans aucune expérience dans la finance, elle lance un Family Office -société de gestion de patrimoine- en investissant dans des secteurs d’avenir, santé numérique ou alimentation durable. Sa fortune est maintenant estimée à 700-800 millions de francs suisses (670-770 millions d’euros).
Des héritières qui s’engagent
Mais quelques héritières ont un rôle plus opérationnel. C’est le cas de Miriam Baumann-Blocher, actionnaire et patronne du groupe chimique Ems-Chemie (patrimoine familial de 20 milliards de francs suisses, 19 milliards d’euros). Avec Magdalena Martullo-Blocher et Rahel Blocher, elle contrôle 70% de l’entreprise. Cela en fait les sœurs les plus riches de Suisse.
Nicole Bru (187e) reprend les rênes du groupe UPSA fondé par son beau-père en 1989 à la mort de son mari. Sous sa présidence, UPSA double son chiffre d’affaires et devient un leader mondial. En 1994, Nicole Bru cède l’entreprise. Elle se consacre depuis à sa fondation philanthropique.
Certaines, comme Eva Maria Bucher-Haefner, ont décidé de revendre les parts du groupe familial. Elle investit maintenant dans des jeunes entreprises (40e fortune avec 5 milliards de francs, 4 milliards d’euros). De son côté, Marina Picasso (103e place avec 1,5-2 milliards de francs suisses) vend régulièrement des toiles de son grand-père pour financer des causes caritatives. Enfin, Semeli Arditi Eliez a repris la direction de la Financière Arditi laissant ainsi le temps à son père de se consacrer à l’écriture et à la philanthropie (159e place, 800-900 millions de francs suisses, 770-870 millions d’euros).
A noter que la famille Firmenich, propriétaire du plus grand groupe de parfums et de saveurs au monde (19e au classement des fortunes suisses avec une richesse de 10 milliards de francs, 9 milliards d’euros), a fait de la durabilité et de l’égalité femmes-hommes les piliers de sa stratégie.
Quelques figures d’exception
Dans ce classement des fortunes suisses, il faut chercher attentivement les femmes qui ont créé leur entreprise. Elles sont minoritaires dans un aréopage d’hommes. Laurence Graff (83 ans) est la 33e fortune suisse -6 milliards de francs, 5 milliards d’euros. Elle a lancé en 1960 à Londres une petite bijouterie qui est devenue une marque mondiale de bijoux (Graff Diamonds).
L’autre exemple est la « serial-entrepreneure » Martine Clozel qui a co-fondé avec son mari Actelion, une entreprise de biotech. « Elle fait figure d’exception (et était) considérée comme le « cerveau » de l’entreprise », écrit Bilan. Le couple d’origine française a cédé le contrôle de leur entreprise au géant américain Johnson & Johnson en 2017 et créé un nouveau groupe de biotech Idorsia. Leur fortune est estimée à 2-3 milliards de francs suisses (1,9-2,9 milliards d’euros).
Leda Braga (231e) est une figure d’exception comme le souligne Les Echos. D’origine brésilienne, elle est l’une des rares -la seule ?- à diriger un hedge fund (fonds spéculatif)- Systemica qu’elle a lancé en janvier 2015. En juillet 2021, la banque UBS a ainsi annoncé la création d’un fonds spécialisé dans les fonds spéculatifs dirigés par des femmes. Pour le magazine Bilan, Leda Braga devrait en profiter. Sa fortune est estimée à 300-400 millions de francs suisses (290-385 millions d’euros).
L’argent ne fait pas le bonheur
Derrière beaucoup de profils se dessinent des histoires de successions, parfois sans problèmes. D’autres sont plus tumultueuses et peuvent défrayer la chronique financière et mondaine. Arrière-petit-fils du fondateur de BASF, Curt Engelhorn vend en 1997 l’entreprise familiale Boehringer Mannheim au groupe pharmaceutique suisse Roche pour la somme record de 11 milliards de dollars. A sa mort, fin 2016, sa fille issue de son premier mariage, Claudia, décide de poursuivre en justice sa belle-mère Heidemarie -quatrième épouse de Curt- et son fils Timm Bergold. L’affaire semble s’éterniser… Le jeu en vaut peut-être la chandelle car la fortune des héritiers de Curt Engelhorn est estimée entre 3 et 4 milliards de francs suisses (2,9-3,8 milliards d’euros).
Une autre branche de la famille Engelhorn a choisi une solution plus radicale comme l’explique Bilan : « Marlene, 29 ans, héritera d’une somme de plusieurs millions de dollars de sa grand-mère Traud (48e fortune suisse). Elle a déjà annoncé qu’elle ferait don de 90% de son héritage à la communauté, faisant valoir qu’elle n’a rien fait pour obtenir cet argent ».
Margherita Agnelli de Pahlen (67e) n’en finit plus de contester les termes de la succession de son père, L’Avvocato Giovanni Agnelli. Ses trois enfants, de son premier mariage avec l’écrivain Alain Elkann, contrôlent la holding qui détient toutes les participations de la galaxie Agnelli. Elle estime que ses cinq autres enfants qu’elle a eus avec le comte Serge de Pahlen auraient été lésés. Un drame familial à la Dynastie.
« Nous vivons une époque passionnante pour les femmes ». Tina Turner, Daily Mail, 2009
Profils atypiques et jeunes générations
Shania Twain (204e) et Tina Turner (264e) détonnent dans un classement plutôt austère. La première est une star de la musique country au Canada où elle a vendu plus de 100 millions d’albums. Mariée depuis plus de dix ans à un homme d’affaires suisse, elle a la double nationalité. Sa fortune est estimée à 400-500 millions de francs suisses (385-480 millions d’euros). La seconde est devenue suisse en 2013. Elle « vient de vendre ses droits (…) au label de musique BMG, ce qui aura généreusement nourri son compte en banque », souligne le magazine économique suisse. Comme Tina l’affirmait dans une interview de 2009, « nous vivons une époque passionnante pour les femmes ».
Le magazine se demande si l’on « verra émerger une nouvelle génération de femmes entrepreneures ? » Son classement des leaders de moins de quarante ans semble lui donner des raisons d’espérer. Des personnalités comme Samantha Anderson, CEO et fondatrice de DePoly, entreprise de recyclage du PET; ou Stefanie Flückiger-Mangual, fondatrice de la biotech Tolremo, sont des lueurs d’espoir. Le classement de Bilan peut aussi se lire comme un appel à candidatures: on cherche femmes créatrices d’entreprise et futures milliardaires…
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