Vues du monde : l’Europe pour les quotas féminins dans les boards, la santé menstruelle en Irlande

Alors que l’Europe impose des quotas en faveur des femmes au sein des conseil d’administration des entreprises européennes cotées en bourse, le plus grand syndicat de l’Irlande réclame une prise en compte de la santé menstruelle des salariées femmes, victimes de règles douloureuses.

Sommaire

    • L’UE fixe des quotas de femmes au sein des conseils d’administration privés
    • Pourquoi légiférer au niveau européen?
    • Un syndicat et le gouvernement irlandais préoccupés par la santé menstruelle des femmes
    • Une aide financière pour les PME pour les absences dues aux règles?

L’UE fixe des quotas de femmes au sein des conseils d’administration privés

Les vingt-sept Etats membres de l’Union européenne (UE) et le Parlement européen ont annoncé, mardi 7 juin en soirée, la mise en place de quotas pour augmenter la proportion de femmes dans les conseils d’administration des entreprises européennes cotées en bourse.

La directive « Women on Boards » traînait dans les cartons depuis 2012. L’initiative initialement portée par Viviane Redding, ancienne vice-présidente de la Commission européenne a expliqué au magazine Challenge le 8 juin dernier que le parcours a été long : « Les gouvernements écoutaient leurs entreprises et étaient contre ce projet ». Mais c’est une page qu’on peut désormais tourner puisque le projet de loi a été repris par Ursula von der Leyen et les entreprises européennes cotées en Bourse seront soumises à des quotas donnant la priorité au « sexe sous-représenté ». Ainsi, les entreprises devront, avant mi-2026, compter 33% de femmes dans leur conseil d’administration, ou 40% de femmes parmi les membres non-exécutifs du conseil.

« Les gouvernements écoutaient leurs entreprises et étaient contre ce projet. » Viviane Redding, ancienne vice-présidente de la Commission Européenne

Pourquoi légiférer au niveau européen?

D’après Viviane de Beaufort, fondatrice  du programme « Governance, Gender et Empowerment » au Centre Européen de Droit et Economie de l’ESSEC, cette loi serait une manière « déguisée » d’empêcher certains pays de faire régresser les droits des femmes. En effet, seuls neuf des vingt-sept Etats membres de l’Union Européenne disposent d’une législation nationale concernant l’égalité des genres dans les conseils d’administration. En Europe, des pays comme Chypre, la Hongrie ou l’Estonie ne comptent par exemple que 10% de femmes au sein des conseil d’administration de leurs grandes entreprises.

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Les quotas restent majoritairement au seuil du tiers ou de 40% plutôt que 50%, pour être plus proche de la parité lorsque les sièges dans les boards sont impairs. Viviane de Beaufor explique que l’origine viendrait des travaux du sociologue Serge Moscovici sur les quotas ethniques universitaires dans les facultés des États-Unis. « Quand les quotas étaient trop bas, les étudiants n’avaient pas de bons résultats. Le tiers, c’est le bon pourcentage pour qu’une minorité puisse exister, apporter ses différences ».

Un syndicat et le gouvernement irlandais préoccupés par la santé menstruelle des femmes

D’après une étude réalisée par le syndicat Fórsa, sur 1800 personnes interrogées, plus de 70 % des femmes se seraient absentées du travail en raison de leurs douleurs menstruelles. C’est avec ces annonces chocs et dans la mouvance espagnole concernant l’introduction d’un congé payé pour les femmes ayant des règles douloureuses que le plus grand syndicat de la fonction publique irlandaise réclame une politique de santé menstruelle au travail.

Les membres du parti travailliste auraient le soutien du gouvernement pour présenter le projet de loi au Seanad (Sénat de l’Irlande) selon Ivana Bacik, la leader du parti. La sénatrice Fiona O’Loughlin a elle, déclaré qu’il serait « important de voir comment l’Espagne s’en sort avec sa tentative d’introduire ce nouveau type de congé et quel type de conséquences s’ensuivraient ». Avoir une discussion à ce sujet serait selon elle, « une première étape importante ».

Même si certaines, comme la directrice médicale du Dublin Well Woman Centre, Shirley McQuade, pensent qu’il sera difficile de mettre en place une telle politique. Celle-ci explique que de nombreuses femmes souffrant de ces douleurs demandent souvent un certificat qui ne mentionne pas spécifiquement qu’elles ont des douleurs menstruels : « Les femmes ne veulent pas divulguer à leur employeur ce qui se passe exactement ».

Une aide financière pour les PME pour les absences dues aux règles?

Certains dirigeants de PME craignent de ne pas recevoir d’aide financière pour compenser l’absence des femmes. John Barry, directeur général de la société de RH Management Support Services comte dix employés dont sept femmes : « Le coût n’est pas seulement lié aux salaires », a déclaré M. Barry, « mais aussi à ce que vous devez payer en heures supplémentaires pour que quelqu’un couvre le travail, ou si vous avez des travailleurs à temps partiel, peut-être en les payant plus pour faire des heures supplémentaires ». Selon Mme Bacik, l’État doit aider les employeurs – en particulier les petits employeurs – à proposer des congés pour des raisons de santé reproductive ou même pour des raisons de santé menstruelle comme l’endométriose.

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